
Afin de continuer II –
Le 21 juin 2017, j’ai noté certaines des paroles de Svetlana Alexievitch sur mon blog, sous de titre Afin de continuer/In order to continue.Apparemment, je ne les avais notées que dans le français de ma lecture originel, alors je les rajoute ici en traduction, suite à 5 références à cet article par des robots – des publicités pour des médicaments, je crois – (je n’ai pas pris la peine de noté les pubs, mais relire d’anciens articles constitue toujours un exercice intéressant.)
Et puis franchement, concernant mes lectures, lorsque même le fait d’aller à un festival de l’ail ne prémunit pas contre les risques d’un tueur solitaire qui se met à tirer sur la foule, le plus utile est-il vraiment de faire comme si l’horreur était une quantité négligeable, et le fait de la transformer en divertissements spectaculaires la meilleure façon de préserver “l’humain dans l’homme”?
Donc:
“L’homme est plus grand que la guerre. Je retiens précisément les moments où il est plus grand qu’elle. C’est quand il est gouverné par quelque chose de plus fort que l’Histoire…”
“…J’ai toujours été curieuse de savoir combien il y avait d’humain en l’homme, et comment l’homme pouvait défendre cette humanité en lui. Mais pourquoi alors un tel intérêt pour le mal? Peut-être pour savoir quels dangers nous menacent et comment les éviter?…”
“Ils sont toujours dans un autre espace que moi, à qui ils se confient. Au moins trois personnes participent à l’entretien : celui qui raconte aujourd’hui, celui que fut cette personne autrefois, au moment des événements, et moi. Mon but : avant tout obtenir la vérité de ces années-là. De ces jours-là. Une vérité débarrassée de toute fausseté de sentiments.”
“Je n’écris pas sur la guerre, mais sur l’homme dans la guerre. J’écris non pas une histoire de la guerre, mais une histoire des sentiments.”
“Sans doute certains formuleront-ils des doutes: les souvenirs, objecteront-ils, ça ne fait pas de l’Histoire. Ni de la littérature. Mais pour moi c’est là dans la voix vivante de l’homme, dans la vivante restauration du passé que se dissimule la joie originelle et qu’est mis à nu le tragique de la vie. Son chaos et son absurde. Son horreur et sa barbarie. Tous ces éléments y apparaissent, vierges de toute alteration. Ce sont des originaux.”
Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femmes, (extraits du Journal de l’auteur, 1978-1985), dans Œuvres, Thesaurus chez Actes Sud
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Entretemps, au niveau du quotidien: pendant que les pompiers s’occupent d’un drame de nature non spécifiée au bord de la rivière, nous venons de déplacer la table parce que le parquet continue à se détériorer en direction de l’évier de cuisine. Au besoin pendant les travaux de réfection,on déplacera ma cuisinière et mon frigo dans l’appartement voisin. Franchement, en termes de soucis existentiels, il y a bien pire…
In order to continue II –
On June 21 2017, I entered some of Svetlana Alexievitch’s words on my blog under the title “Afin de continuer/In order to continue”. Apparently, I put them down only in the French of my original reading, so I’m adding the English here, following the 5 hits on this one blogpost by robots – advertising meds, I think – (I didn’t bother checking on the ads, but reading back on previous posts is always an interesting exercise.)
Plus, frankly, concerning my reading, when even attending a Garlic Festival does not safeguard you from the risk of a lone killer shooting at random in the crowd, is it really useful to behave as if horror were a negligible sideline, and transforming it into spectacular entertainment the best way to preserve “the humanity in man”?
So:
“Man is bigger than war. I pay attention precisely to those moments when he is greater than it. This is when he is governed by something stronger than History…”
“I’ve always been curious to know how much humanity there was in man, and how man could defend that humanity in himself. But then, why such an interest in evil? Perhaps in order to know what dangers threaten us, and how to avoid them?”
“They are always in another space from mine, the person to whom they confide. At least three people participate in the interview: the one speaking today, the one that person was then, at the time of the events, and I. My aim: above all, obtaining the truth of those years back then. Of those days. A truth rid of all false sentiments.”
“I am not writing about war, but about man in war. I am not writing a history of war , but a history of feelings.”
“No doubt some will express reservations: memories, they will object, do not constitute History. Or literature. But for me, it is there, in man’s living voice, in his living restoration of the past that original joy hides itself and where the tragic of life is laid bare. Its chaos and its absurdidity. Its horror and barbarity. All those element appear, devoid of all alteration. They are originals.”
Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femmes, (extraits du Journal de l’auteur, 1978-1985), dans Œuvres, Thesaurus chez Actes Sud
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Meanwhile, on the day-to-day level: while emergency responders attend to some unspecified drama by riverside, we’ve just moved the kitchen table to the center of the room, as the flooring continues to deteriorate near the sink. If need be during repairs, we’ll move my stove and fridge into the apartment next to mine. Frankly, in terms of existential concerns, I can think of much worse…