
“L’art” –
Connaissez-vous Joseph B. Alcazar (1838-1895)? Moi non plus, j’ai découvert son existence grâce à un livre de textes par l’écrivain québécois Yves Beauchemin (un homonyme avec lequel je n’ai pas de liens de parenté, à ma connaissance) que ma sœur m’a posté depuis le Mexique. D’après Beauchemin, Alcazar eut une carrière triomphale et ses œuvres complètes, en 36 volumes, firent l’objet d’une édition de luxe reliée en cuir de veau (nombre de veaux impliqué dans l’exercice: inconnu). Deux ans après sa mort, un collectionneur payait 32 000 francs la dernière brosse à dent du grand homme. Plus tard, le petit-fils du collectionneur disposa de la brosse à dent, croyant qu’elle avait servi à curer les oreilles du chien (ce qui n’est pas impossible non plus). Quant aux œuvres d’Alcazar, Yves Beauchemin dit les avoir découvertes grâce au tome XXVI qui servait à caler une machine à café. La chaleur avait fait un sort à la reliure, et les pages étaient collées par un mélange de café et de sucre.
Si l’histoire est véridique, elle mérite un respectueux Sic transit gloria mundi. Amen.
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Entretemps, Zehra Dogan découvre une variété différente de bêtise et de suffisance comparée à celle à laquelle elle fut exposée en Turquie. Des imbeciles qui parlent de son installation comme étant de “la pornographie de la violence” or conseillant à “Mademoiselle Zehra” d’aller là où se déroule la violence plutôt que d’en profiter dans ses expositions. Rosida a répondu en son nom, Naz a traduit du turc vers le français, j’ai traduit du français vers l’anglais et je suppose que Maité en fera de même vers l’espagnol.(J’aime bien l’attitude de Fatma, citée dans l’article de Rosida.)
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Illustration: en reportage dans les villes sous couvre-feu, Zehra a filmé ce bref extrait où, sur fond de fusillades constantes, un rideau bleu suspendu au travers d’une rue s’élève, poussé par le vent, révélant la dévastation qui s’étend de l’autre côté. Cette vidéo faisait partie de l’exposition au Tate Exchange du 21 au 25 mai.
“Art” –
Ever hear of Joseph B Alcazar (1838-1895)? I had never heard of him either until yesterday when I discovered his existence through a book of texts sent to me by my sister in Mexico. The texts were written by Québécois writer Yves Beauchemin (not a relative of mine, at least, not to my knowledge). According to Beauchemin, Alcazar’s career was a triumph and his complete works in36 volumes were published in a luxury edition bound in calfskin (number of calves involved in this exercise: unknown). Two years after his death, the great man’s last toothbrush was bought by a collector for 32 000 francs. Later, the collector’s grandson threw it out thinking it had served to clean the dog’s ears (which was not an impossibility either). As for the works of Alcazar, Beauchemin discovered them thanks to tome XXVI, serving as a wedge for a coffee machine. The heat had destroyed the fine leather binding and the pages were glued together by a combination of hot coffee and sugar.
If the story is true, it deserves a respectful Sic transit gloria mundi. Amen.
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Meanwhile, Zehra Dogan is discovering a different flavor of stupidity and smugness from that to which she was exposed in Turkey. Idiots calling her exhibition “pornography of violence” or advising “Miss Zehra” to go where the violence happens instead of profiting from it through exhibitions. Rosida answered on her behalf, Naz translated from the Turkish to French, I translated from the French to the English, and Maite did the same into Spanish.(I like Fatma’s attitude, quoted in Rosida’s article.)
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Illustration: while reporting from one of the towns under curfew, Zehra recorded this short clip. To the sound of constant gunfire, you see the blue curtain rise across the street, pushed by the wind, revealing the destruction beyond. The video was part of the installation at the Tate Exchange between May 21st and 25th.