Bidule rouge –

Je déjeûne avec une amie. Nous parlons politique, écriture. Elle travaille toujours à partir d’un plan. J’en suis incapable; je découvre les personnages et leurs histoires au fil de l’alignement des phrases.

Sur son téléphone, elle me donne à voir les images de cette parade-bidon du 8 mai avec le Président saluant…des trottoirs vides. Effet d’image oblige, les diffusions officielles se chargeant d’offrir les vues en plan rapproché. A chacun d’imaginer les foules en délire…ou pas.

(Les fabricants d’images ne savent-ils donc pas qu’ils ne sont pas détenteurs de la caméra unique dans le royaume, sous contrôle de l’Etat?)

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Je regarde le documentaire Colis suspect de Rosa Pérez Masdeu et Sofia Catala Vidal (aussi disponible sur Mediapart en ce moment). Ou: comment instrumentaliser le discours anti-terroriste pour justifier la fermeture des frontières. L’argent. Les industries faisant leur beurre à fournir des systèmes dont le but est de décourager (ou même de blesser) quiconque tente de fuir guerres et misère vers l’Europe. Les doubles clôtures de 6 mètres entre le Maroc et l’Espagne, sur lesquelles le grillage se fait de plus en plus étroit pour dissuader l’escalade; entre les deux, une clôture de 3 mètres et des champs de fils de fer pour empêcher la course vers l’arrivée…et le renvoi au point de départ.

Un petit bidule rouge. Un petit bidule rouge relié à un fil et posé sur une voiture. Le plan s’élargit. Le fil relie le petit bidule rouge à un écran sur lequel vous pouvez vois si oui ou non, un battement de cœur humain s’inscrit  à partir d’une voiture en apparence vide.

Tout le reste est révoltant de toutes les façon imaginables. Mais pour moi, le détail qui tue, c’est le petit bidule rouge.

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Autre choses réjouissantes à raconter? Oui, bien sûr, réjouissantes et leur contraire aussi. Mais ça suffit pour aujourd’hui.

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Illustration: le jardin au crépuscule. Nul besoin de filtres spéciaux  ou d’angles recherchés, et nul besoin d’y ajouter des foules enthousiastes non plus. La nature offrant, comme d’habitude le spectacle complet, et gratuit.

Red Gizmo –

Lunch with a friend. We talk politics, writing. She always works from an outline. I’m unable to do so; I discover the characters and their stories as the sentences line up.

On her phone, she shows me images done on May 8th at the phony parade where the President is seen waving at…empty sidewalks. Image being what counts, official programs will offer close-ups. Leaving to everyone’s imagination the presence of enthusiastic crowds…or not.

(Are the image makers unaware they do not own the sole camera in the kingdom, under State control?)

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I watch the documentary Colis Suspects by Rosa Pérez Masdeu and Sofia Catala Vidal, all about how the anti-terrorism story is instrumentalized as justification to close down the borders. The money. The firms, prospering on systems designed  to maim anyone attempting to flee into Europe. The double 6 meter high fences between Morocco and Spain on which the mesh gets narrower and narrower in order to discourage climbing; between them, a 3 meter fence and wires strung out to make running impossible.

And a little red gizmo. A little red gizmo attached to a wire and resting on a car. The camera moves back. The wire links the little red gizmo to a screen on which you can see if, yes or no, there’s a hidden human heartbeat registering from somewhere in an apparently empty car.

All the rest is revolting in every way. But the little red gizmo is the killer detail for me.

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Other pleasant things to tell? Sure, pleasant and unpleasant too. But that will do for today.

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Illustration: the garden at sunset, just before a storm blew in. No need for special filters or camera angles, and no need to throw in enthusiastic crowds either. Nature providing the whole show as usual, free of charge.