Radio-Cancan 

Pendant que leurs nobles épouses préparent le repas du midi, ces messieurs devisent au café et font un sort aux affaires courantes. Au moment où je passe devant la terrasse, le sujet à l’ordre du jour: le 200 millions qu’un milliardaire a promis pour la reconstruction de Notre-Dame. “C’est comme 5 centimes pour lui,” dit l’un. “Quelqu’un frappe à ta porte et te dit il me manque 5 centimes pour acheter le pain, tu lui donnes?” – “Sûr, s’il lui manque pas 5 centimes chaque jour, tu vois de qui je parle.” – “Chacun sa merde,” réplique un troisième.

Je me ferais bien mouche sur le dos d’une chaise pour entendre la suite – encore qu’on ne sait jamais quand quelqu’un peut arriver avec une tapette à mouches, ça serait dommage de finir ainsi en perdant la fin d’une conversation.*

Alors, je rentre chez moi à la place, et j’imagine la suite.

*

J’habite un secteur très calme près de la rivière. Chaque nuit, j’entends les chouettes qui s’échangent des infos depuis les arbres dans le tournant jusqu’aux arbres près du pont suivant. Je ne parle pas le chouette, mais j’adore les écouter et je ne me demande même pas ce qu’elles peuvent se raconter. C’est agréable de ne pas tout savoir – comme un aperçu de langues étrangères qu’on ne possédera jamais.

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Le vent a soufflé si fort cette nuit qu’il a renversé la porte appuyée contre la palissade. Du coup, il y aura beaucoup d’éclats de verre à ramasser. En attendant, ma voisine et moi étions d’accord que le tout était plutôt beau à voir.

*en fait, je viens de m’apercevoir que le commentaire au sujet de la mouche m’est inspiré par la notion de réincarnation ou de métempsychose  dans lesquelles  croiraient les musulmans alaouites. D’où je conclus…rien du tout, mais ce genre de truc a le don de m’inspirer encore une histoire qui ne mène pas à grand chose d’autre qu’à sa propre existence. Ce qui est déjà quelque chose.

Gossip Radio –

While their noble wives prepare the noontime meal, the gentlemen converse at the café, and take potshots at current affairs. As I walk by the terrace, the topic is the 200 million euros a billionaire has pledged for the reconstruction of Notre Dame. “It’s like 5 centimes for him,” one says. “Someone knocks on your door and says he’s short 5 centimes to buy bread,  you give it to him?” – “Sure, if he’s not short 5 centimes every day, you see who I mean.” – “To each his own shit”, a third man says.

I would gladly turn into a fly on the back on someone’s chair to hear the rest – then again, you never know when someone will show up with a fly swatter. It would be a shame to end that way and miss the end of the conversation.

So I come home instead, imagining the rest.*

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I live in a very calm area near the river. Every night, I hear the small owls  exchanging their latest news from the trees down near the bend to the trees near the bridge ahead. I don’t speak owl, but I love listening to them and don’t even bother trying to imagine what one owl says to another. It’s nice not knowing everything – like a glimpse at foreign languages you will never know.

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The wind blew so hard last night that it knocked over the door resting against the fence. There is going to be a lot of shattered glass to pick up as a result. In the meantime, my neighbor and I agreed the whole thing was rather a beautiful sight.

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*in fact, I’ve just noticed that the comment about the fly was inspired by reading recently that Alawite Muslims believed in reincarnation or metempsychosis . From which I conclude…nothing whatsoever, but that kind of thing has a way of inspiring yet another story that doesn’t lead much to anything except its own existence. Which is already something.