
Au réveil… –
Je ne sais pas ce que les autres trouvent dans leurs lits au réveil. Dans mon cas, je rencontre souvent un stylo égaré et des bouts de papiers épars avec des messages énigmatiques comme celui m’informant que, dans le monde du rêve, Ségolène Royal* avait préparé le télégramme célébrant la réaction de la France à la sortie de la Grande Bretagne de l’union européenne. (Je me demande ce que les autres membres de l’union pensaient d’un coq chantant co-co-rico ! Tellement mieux que cockle-a-doodle-doo! N’est-ce pas?)
Dans le monde éveillé, la bonne nouvelle au niveau personnel étant que je me rétablis de la bestiole qui m’a colonisée depuis samedi. (Elle était féroce et elle a refusé de révéler son pays d’origine.)
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(Lu avant l’arrivée de la bestiole féroce):
Dans Récidive 1938**, Michaël Foessel ne suggère d’aucune façon que les événements à venir se dérouleront comme ils l’ont fait en 1939. En fait, il ne tient pas compte de 1939 et se contente de lire les journaux 1938 et de laisser le soin au lecteur (ah, Monsieur, merci de cette confiance dans l’intelligence du lecteur), de noter les parallélismes en matière de situations non résolues, la question fondamentale étant: “De quoi les années 30 sont-elles la manifestation, et en avons-nous définitivement fini avec cela?” Ensuite, il examine les principaux événements se déroulant en France en 1938, permettant aux lecteurs de reconnaître des similarités en un éclair, réservant le commentaire suivant à son épilogue:
“L’analogie entre 1938 et 2018 présente…l’intérêt de mettre en garde contre des mesures prises pour défendre la démocratie et qui, dans les faits, risquent de la mettre à terre. Lors du procès de Pétain, les avocats du vieux maréchal auront beau jeu de rappeler à Edouard Daladier et à Paul Reynaud (les derniers présidents du Conseil de la IIIe République) la série de décrets-lois adopté par leurs gouvernements et où le régime de Vichy se contentera de puiser au cours des premières années de son exercice. (Il) s’attarde en particulier sur les camps d’internement créés par décrets et sur les mesures qui installent la France dans un état d’urgence permanent dès avant la débâcle de 1940. Autant de facilités juridiques dont le gouvernement de Vichy fera usage dans sa traque des réfugiés et des résistants. Quelles que soient les précautions que l’on peut avoir à l’égard des leçons de l’Histoire, il est utile de se souvenir que, parvenus au pouvoir, les adversaires acharnés de la République se sont appuyés sur l’héritage d’une République délestée de ses défenses démocratiques.”
(Parmi les exemples qu’il mentionne: les décrets actuels concernant les étrangers qui, à bien des égards, semblent des copier-coller de ceux de 1938; quant à l’état d’urgence permanent, ces dispositions principales font dorénavant partie de la loi française sur la sécurité publique.)
*Je tiens à préciser qu’il ne m’était jamais arrivé de rêver de Ségolène Royal. (Merci, je vais beaucoup mieux maintenant).
**Michaël Foessel, Récidive 1938, puf, 2019
Upon waking…-
I don’t know what other people find in their beds in the morning. In my case, I often encounter a lost pen and vagrant bits of paper with cryptic messages such as the one informing me that, in dreamtime, Ségolène Royal* had prepared France’s telegram celebrating Britain’s departure from the European Union.(Wonder what the other European members made of the cock crowing – co-co-ri-co! So much better than cockle-a-doodle-doo! N’est-ce pas?)
In the awake world, the good news at a personal level: I’m recovering from whatever bug colonized me all weekend. (It was fierce and refused to reveal its country of origin.)
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(Read prior to the fierce bug’s landing):
Michaël Foessel’s Récidive 1938**. In no way does he suggest that events will play out as they did in 1939. In fact, he ignores 1939 and simply reads the papers from 1938, and lets the reader (ah, Sir, thank you for trusting the reader’s intelligence), note the parallels in terms of unfinished business, the basic question being: “Of what were the thirties a manifestation and have we definitely finished with all that?” He then goes through the major events occurring in France in 1938 and lets the reader gasp in recognition, only raising the matter of similarities in the epilogue when he writes:
“The interest in the analogy between 1938 and 2018 resides in that it cautions against measures taken in order to defend democracy and which, in fact, risk destroying it. During Pétain’s trial, the old maréchal’s lawyers had an easy time of it reminding Edouard Daladier and Paul Reynaud (the last presidents of the third Republic’s Council) of the series of law-decrees adopted by their governments and where the Vichy regime will simply find what it needs during the first years of its exercise. (The lawyer) lingers in particular on the internment camps created by decree and on the measures placing France in a permanent state of emergency prior to the debacle in 1940. A series of legal easements the Vichy government will use in tracking down refugees and resisters. Regardless of the precautions one must exercise concerning the lessons drawn from History, it is useful to remember that, once in power, the Republic’s fierce adversaries relied on the inheritance from a Republic jettisoned of its democratic defences.”
(Among the examples he provides: copies of the decrees concerning refugees that read almost word for word as do the latest of the current decrees; as for the permanent state of emergency, its main measures have now been incorporated into the French law on public safety.)
*I wish to state that never before had I dreamt of Ségolène Royal. (Thank you, I’m much better now.)
**Michaël Foessel, Récidive 1938, puf, 2019