Socrate, encore ?/ Socrates again?

Socrate, encore ? –

Qu’est-ce que la politique de Hannah Arendt est l’exact opposé du livre qu’on dévore à toute vitesse. En fait, il vaut mieux  procéder lentement, relisant chaque section aussi souvent que nécessaire pour vraiment la “saisir”.  

Selon moi, ayant établi le fait que la frustration de son culte du héro ait pu donné naissance à la notion de Platon sur le philosophe-roi édictant des vérités éternelles – contrairement à Socrate qui considérait que le rôle du philosophe était de servir de “taon” au sein de la cité pour faire émerger l’opinion véridique de chacun. Et la notion socratique selon laquelle afin de vivre avec les autres, il faut pouvoir vivre avec soi-même, en qui les facettes multiples doivent trouver le même genre de réconciliation que celle que nous tentons d’atteindre avec les autres, Arendt se déplace vers le présent:

“Nous qui avons fait l’expérience des organisations de masse totalitaire dont la première préoccupation est d’éliminer toute possibilité de solitude – exception faite de l’inhumaine forme de détention solitaire – pouvons…facilement témoigner de ce que toutes les formes de conscience, qu’elles soient séculières ou religieuses, seront abolies si la possibilité de rester un tant soit peu seul avec soi-même n’est plus garantie. C’est ainsi que l’on peut expliquer le fait fréquemment observé que la conscience elle-même a cessé de fonctionner dans les conditions totalitaires créées par l’organisation politique, et cela tout à fait indépendamment de la peur et du châtiment. Aucun homme ne peut garder sa conscience intacte s’il ne peut entretenir le dialogue avec lui-même, c’est-à-dire s’il est privé de la solitude requise pour la pensée sous toutes ses formes.“*

(Ce qui est vrai du totalitarisme l’est aussi des formes de ‘réseautage social’ à but commercial qui prive l’individu du temps de réflexion hors du champ des sollicitations extérieures constantes et intéressées. A mon avis.)

*Hannah Arendt, Qu’est-ce que la politique ?, éditions du Seuil

*

Socrates again? –

Hannah Arendt’s Qu’est-ce que la politique  is the exact opposite of a “page-turner”. In fact, proceeding slowly is best, reading through a section as often as need be to really “get” it.

In my understanding, having established that Plato’s case of frustrated hero worship might have been at the origin of his notion of the philosopher-king edicting eternal truths – contrary to Socrates who believed the philosopher’s role to be  a public  goad serving to bring out the true opinions held by the citizens. And the Socratic notion that in order to live with others, one must be able to live with one’s self, in whom multiple facets seek the same kind of reconciliation we try to achieve with others, Arendt moves on to the present:

“We who have experienced totalitarian mass organizations the first concern of which was the elimination of all possibilities for solitude – except in the inhuman form of solitary detention – can…easily testify to the fact that all forms of consciousness, be they secular or religious, will be abolished if the possibility of being by one’s self some of the time isn’t guaranteed. This is how one can explain the frequently observed fact that conscience itself ceases to function in the totalitarian conditions created by political organizations, independantly of any fear or punishment. No human can maintain his conscience intact if he or she cannot maintain the inner dialogue, in other words if he or she is deprived of the required solitude for thought in all its forms.”

(What is true of totalitarianism also applies to all forms of commercially driven ‘social networking’ that deprive the person of reflection time outside a field of constant external, profit-motivated sollicitations. In my opinion.)

 

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