Entretemps/Meanwhile

Entretemps –

“Le Seigneur Dieu se fit socialiste. Il abolit l’enfer et le purgatoire, et plaça tout le monde sur un pied d’égalité au paradis. On y goûtait les bienfaits d’une béatitude éternelle.

C’est alors que mourut un Crésus, qui fut stupéfait d’être accueilli au paradis. Il ne s’en habitua pas moins aussitôt à sa nouvelle existence et ne tarda pas a commencer de se plaindre.

-Qu’est-ce qui te chagrine ? demanda, agacé, le Seigneur.

-Ah ! Seigneur ! Renvoie-moi sur terre ! Ici, ce n’est pas le vrai paradis ; ici on ne voit personne souffrir.”

Italo Svevo*

*Italo Svevo, Fables, traduction française de Dino Nessuno, éditions Sillage, 2010

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Je lis beaucoup. Récemment, Et les faibles subissent ce qu’ils doivent? de Yanis Varoufakis**

Je ne lirai pas le titre de Shoshana Zuboff, L’Âge du capitalisme de surveillance. Pour un, je n’en ai pas les moyens. De plus, ce que j’en ai lu me semble très juste, malheureusement,  mais je ne crois pas être la personne qui a le plus besoin d’en être convaincue. Tout comme l’analyse de Varoufakis sur le défaut de démocratie au coeur même du projet européen est un fait avéré, mais les solutions qu’il propose pour “restreindre les pires élans autodestructeurs du capitalisme” n’obtiendront rien de tel puisque l’autodestruction en question est inscrite au coeur même du système. (Et chaque fois qu’on me parle de “relancer la croissance” en Europe ou ailleurs, la même question se pose: à quel prix pour les régions du globe spoliées et l’abrutissement par la sur-consommation?)

**Yanis Varoufakis Et les faibles subissent ce qu’ils doivent ?  Comment l’Europe de l’austérité menace la stabilité du monde, Babel essai, 2016 pour la traduction française par Françoise et Paul Chemla (sans mention du titre original en anglais)

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Entretemps, je m’en tiens à ce qui est réalisable à mon échelle, sans grande illusion au sujet de la nature humaine (et sans ‘infinitude’ de cynisme non plus).

Meanwhile –

“The Lord God became a socialist. He abolished Hell and Purgatory and put everyone on an equal footing in Paradise. One could taste there the benefits of eternal beatitude.

This is when a Cresus died and was stupefied to be greeted in Paradise. Nonetheless, he got used to his new existence quickly and started complaining in no time.

Annoyed, the Lord asked him: “What’s bothering you?”

-Oh Lord! Send me back to earth! This is no true Paradise; you don’t see anyone suffer here.”

Italo Svevo*

*Italo Svevo, Fables, French translation by Dino Nessuno, éditions Sillage, 2010 (my English translation from the French).

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I read a lot. Recently,  Et les faibles subissent ce qu’ils doivent? de Yanis Varoufakis**

I will not be reading Shoshana Zuboff’s Surveillance Capitalism and Democracy I can’t afford it, for one. For another, what I’ve read about it strikes me as quite correct, unfortunately, but I don’t think I’m the person the most in need of convincing of this. Just as Varoufakis’ analysis of the lack of democracy at the very heart of the European project is an averred fact, but the solutions he puts forth in order to “restrict the worst of capitalism’s self-destructive urges” will achieve no such thing since the self-destruction in question is at the very heart of the system. (And every time I’m told about “re-launching growth” in Europe or elsewhere, the same question comes to mind: at what cost for those regions in the world spoliated in the process and the stupor brought on by the glut of consumerism?)

**Yanis Varoufakis And the Weak Suffer what they Must? Europe’s Crisis and America’s Economic Future, New York, Nation Books 2016

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Meanwhile, I stick to the feasible at my level with no grand illusions about human nature (but no infinite cynicism either).

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