
Pinceaux –
Je les ai tenus à la main mais je ne les ai pas photographiés, alors vous allez devoir imaginer: comment fabrique-t-on des pinceaux lorsqu’on est en prison et interdite de matériaux artistiques?
Et bien, on récupère des objets tels que des pailles en plastique, des stylos usagés ou autres tiges rigides. Des plumes d’oiseaux tombées dans la cour ou encore des mèches de cheveux de ses compagnes de cellule – différentes longueurs et épaisseurs que l’on fixe à la tige avec des ficelles récupérées.
Pour les couleurs? Du persil, du curcuma, de la pâte de tomate, du café, de l’aspirine écrasée…
Comme supports? Des cartons, des documents administratifs, l’intérieur des enveloppes, une chemise en lambeaux…
Zehra Dogan sera-t-elle libérée à la fin de ce mois-ci? Impossible de le savoir. Mais on ne peut s’empêcher de réfléchir à ce que sera “l’après”. Encore plus une fois qu’on peut visualiser ses conditions de vie et celles de ses compagnes de cellule, grâce à un dessin qu’elle a exécuté sur papier kraft. Elles sont 33 à occuper un espace prévu pour 25. Comme les lits font le tour de la pièce, y compris devant une fenêtre où il y a des barreaux mais pas de vitre, et que certaines doivent dormir sur le béton, elles font la rotation des places afin que chacune ait quelques nuits de “confort”.

La photo est publiée dans le No 5 des Cahiers de la BD. Elle n’est pas de très grande qualité, mais elle permet au moins de se faire une idée des conditions de vie des prisonnières. Si vous voulez en savoir davantage sur le fait de produire des oeuvres artistiques envers et contre tout, vous pouvez toujours consulter le dossier Zehra Dogan sur Kedistan.
Paintbrushes –
I held them in my hand but I didn’t take photographs, so you will have to imagine: how do you make paintbrushes when you are in prison and denied access to artist’s supplies? J
Well, you recuperate objects such as drinking straws, used ballpoint pens or other rigid sticks. Bird feathers fallen in the yard, or locks of hair from your cellmates – different lengths and thicknesses. You affix them to the stick with recuperated bits of string.
For pigments? Parsley, turmeric, tomato paste, coffee, crushed aspirin…
As media? Cardboard, administrative documents, the inside of envelops, a torn shirt…
Will Zehra Dogan be freed at the end of this month? There’s no telling. But you can’t help starting to think about what the “after” will be for her. Even more so once you can visualize living conditions for her and her cellmates, thanks to a drawing she did on wrapping paper. They are 33 strong occupying a space meant for 25. As the bunk beds circle the room, including in front of the barred window with no pane, and as some must sleep on the concrete, they rotate so that each one can have a few nights of “comfort”.
The photo is published in the 5th edition of Cahiers de la BD. It is not of the best quality but it gives you some idea of the prisoners’ living conditions. If you want to know more about doing artwork against all odds, you can always consult the English version of the Zehra Dogan dossier on Kedistan.