
“Le pays est comme un musée figé” –
Je viens de finir la traduction anglaise de l’article en question. Pour l’heure, je retiens tout spécialement le passage suivant:
“Depuis que je suis incarcérée, j’ai rencontré une dizaine d’enfants en prison. Ici, il y a Dersim, 2 ans, Ayşe 3 ans, et Çınar, 5 ans. Ces enfants n’ont jamais vu l’extérieur, ne connaissent pas le toucher des feuilles d’un arbre, de la terre. Nous essayons de leur apprendre à partir des livres. Chaque fois que nous quittons la promenade et traversons le couloir, Çınar pleure et crie en disant “je ne veux pas aller à l’intérieur”. Elle attaque les gardiens. Chez Dersim et Ayşe, il y a une forte colère. Chaque fois que les gardiens ferment la porte, elles froissent les sourcils. Elles n’arrivent pas à dormir à cause de l’ambiance bruyante. Elles se réveillent subitement et pleurent. Toutes les trois sont dans des quartiers différents. Ayşe hèle, en criant sous la porte “Je suis là, vous m’entendez ? Çınar, Dersim ça va ?”. Elle leur parle en collant sa bouche sur la trappe de l’égout, “Çınar, tu m’entends ?” crie-t-elle. – Zehra Dogan, depuis la prison de Tarse.
(la version anglaise apparaîtra sous peu sur la revue Kedistan).
“The country is like a frozen museum” –
I’ve just finished the English translation of this article. For now, I note the following passage with special attention:
“Since first being incarcerated, I have met dozens of children who are in jail. Here, there is Dersim, 2 years old, Ayse who is 3, Cinar who is 5. These children have never seen the outside, they do not know what it is like to touch tree leaves, earth. We try to teach them from books. Every time we come from the walk and cross the hall, Cinar cries and yells“I don’t want to go inside.”She attacks the guards. Dersim and Ayse are filled with anger. Every time the guards close the close, they frown. They can’t sleep because of the noise. They keep waking up and crying. All three are in different quarters. Ayse cries out under the door: “I’m here, do you hear me? Cinar, Dersim, are you OK?” (Zehra Dogan, from Tarsus prison).
(The full English translation will appear shortly on Kedistan.)