
À chacun sa méthode –
Conversation intéressante avec une amie romancière l’autre jour. Nos méthodes de travail sont complètement différentes. Elle prépare d’abord un plan détaillé. Puis, elle fait sa recherche. Lorsqu’elle commence son premier jet, elle y travaille un minimum de trois heures et jusqu’à huit heures par jour à écrire les scènes à la main. Les corrections surviennent à la saisie sur ordinateur.
Je l’ai regardée, ébahie. Je ne peux m’imaginer préparer un plan puisque je n’ai pas la moindre idée de ce qui va se passer. Il y a une phrase qui s’impose. Puis une autre. La recherche intervient au fur et à mesure que les événements surviennent. Il est rare que je passe des heures à écrire. Je passe plutôt des heures à écouter ce que les personnages racontent dans ma tête, jusqu’au moment où la main s’empare d’un stylo et gribouille quelques lignes, puis quelques unes de plus. Voilà le premier jet et je le modifie pendant la saisie informatique.
Puis, c’est le retour à l’écoute. Puis, éventuellement, encore du gribouillage. Suivi d’une autre courte séance de saisie.
Un jour, j’ai entendu une éditrice prétendre qu’on ne pouvait pas se considérer un écrivain à moins de “produire” un minimum de deux mille mots par jour.
Auquel cas je ne suis pas écrivain (du moins, selon l’opinion de cette éditrice mais de toute façon elle n’aimait pas ce que j’écrivais, alors je ne pense pas qu’une modification à mon volume de mots quotidiens y aurait changé grand chose).
Ce qui importe – et mon amie était d’accord avec moi: on ne peut pas écrire quelque chose et le définir comme de la fiction si le fait ou la recherche ayant servi de point de départ ne s’est pas transformé en quelque chose d’imaginaire. Pour mon amie, cela se passe comme si elle regardait une scène dans un film. Dans mon cas, cela exige que j’écoute ce que les personnages pensent ou sont à se dire entre eux.
Les détails se rajoutent plus tard, où et quand ils sont nécessaires.
*
Pendant ce temps dans le vaste monde, Erdogan et Trump poursuivent leur partie de poker menteur. Cette fois, Erdogan tente le coup de la sympathie: “mais mon cher ami, après ces terribles morts de tes précieux soldats, laisse-moi assumer la responsabilité de Manbij, voyons. Allez en paix, mes gentils z-amis, je m’occupe de tout.”
Un jour menaces, un jour flatteries, la partie reviendra au plus menteur des deux – pendant que Poutine attend son heure. Quant aux habitants…peuh, des cartes à utiliser pour les besoins de la partie.
Et aux Etats-Unis? La bande au pouvoir voit d’un assez bon œil l’absence de tous ces fonctionnaires en congé non payé. Puisqu’il s’agit de démontrer qu’ils sont tous inutiles, qu’il faut réduire le gouvernement et laisser agir les affairistes sans contrainte…que le chaos règne à travers le pays !
Illustration: émergence. C’est vigoureux, la glycine.
To each his own method –
Interesting conversation with a writer friend, the other day. Our work methods are completely different. She starts by preparing a detailed outline. Then, she proceeds with research. When she starts writing the draft, she works a minimum of three and a maximum of eighthours, writing out the scenes in long hand. Corrections happen at the typing stage.
I gawked. I can’t imagine writing an outline since I don’t have a clue what’s going to happen. A sentence shows up with insistance. Then another. Research happens along the way, as the story evolves. I rarely spend hours at a time in the actual writing process. I spend hours instead listening to what the characters have to say in my head, until the moment when the hand grabs a pen and scribbles out a few lines, then a few more. That’s the first draft and it gets modified as I type it out.
Then it’s back to more listening. Some scribbling, eventually. Followed by another brief burst of typing.
I once read an editor’s opinion saying you could not consider yourself a writer if you didn’t” produce” a minimum of two thousand words a day.
In which case, I am not a writer (at least, in that editor’s opinion but she didn’t care for my writing anyway, so I doubt a different work count would have changed the outcome).
The main point – and my writer friend agreed with me on this: you cannot write anything and call it fiction until whatever fact or research served to as a starting point goes through a transposition into something imaginary. For my friend, this entails seeing a scene as she would in a movie. To me, it requires eavesdropping on what the characters are thinking or saying to one another.
Details get worked in later, if and when required.
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Meanwhile out in the big world, Erdogan and Trump continue their game of lying poker. This time, Erdogan is attempting the sympathy gambit: “but my dear friend, after those awful deaths of your precious soldiers, let me take on responsibility for Manbij. Go in peace, my gentle friends, I’ll take care of everything.”
One day threats, the next day flattery, the biggest liar will win the game – while Putin waits to make hismove. As for the inhabitants…so what, cards to play as the game requires.
And in the States? The gang in power sees in a rather positive light the absence of all those civil servants on unpaid leave. Since the end game involves demonstrating how useless they are, reducing the government and letting the new carpetbaggers act without constraint… let chaos reign across the land!
Illustration: wisteria emerging. Vigorous stuff.