Images

Images –

Internet n’existait pas encore lorsqu’Ismail Kadare écrivit Le palais des rêves. C’est pourquoi le sultan devait compter sur une méthode si maladroite et chronophage afin de pister les désirs et les volontés de ses sujets. Au lieu d’armées de collecteurs et d’interprètes de rêves, le sultan aurait pu se fier à son fidèle algorithme et aux multiples “cookies” pistant chaque mouvement de ses sujets dans le temps et dans l’espace.

Heureusement que les sultans peuvent compter sur  le progrès…

“Il y a des gens,” poursuivit le vizir, “qui pensent que le monde des angoisses et des rêves – bref, votre monde – gouverne celui-ci. Personnellement, the pense que tout est gouverné à partir de celui-ci. Je crois que c’est à partir de ce monde-ci qu’on choisit les rêves et les angoisses et les images qui doivent remonter à la surface, tout comme un seau tire l’eau d’un puits. Voyez-vous ce que je veux dire? C’est ce monde-ci qui choisit ce qu’il veut dans l’abyme.”*

Mais peut-être est-ce une sorte de conversation entre l’abyme et ce monde-ci du quotidien, une conversation à base d’images…

*Ma traduction depuis la traduction anglaise réalisée par Barbara Bray à partir de la traduction française de Jusuf Vrioni depuis l’original en albanais par Ismail Kadaré. Ça fait bien des degrés de séparation depuis l’original…

 

Images –

Internet didn’t exist yet when Ismail Kadare wrote The Palace of Dreams. Which is why the Sultan had to rely on such an awkward and time-consuming method to keep track of his subjects’ whims and wishes. Instead of armies of dream-collectors and dream-interpreters, the Sultan could now count on his faithful algorithm  and the countless “cookies” tracking his sujects’ every move in time and in space.

A good thing Sultans can depend on progress…

“Some people,” the Vizier went on, “think it’s the world of anxieties and dreams – your world, in short – that governs this one. I myself think it’s from this world that everything is governed. I hink it’s this world that chooses the dreams and anxieties and imaginings that ought to be brought to the surface, as a bucket draws water from a well. Do you see what I mean? It’s this world that selects what it wants from the abyss.”*

In fact, maybe it’s a kind of conversation between this everyday world and the abyss, a conversation based on images…

*Ismail Kadare The Palace of Dreams, Translated by Barbara Bray from the French version of the Albanian by Jusuf Vrioni, Vintage Books, London  2008

Leave a comment