Mépris –
À Marseille, une dame de 80 ans, Zineb Redouane, grièvement blessée au visage par une grenade lacrymogène lancée par des policiers dans son appartement, est décédée dimanche à l’hôpital, ainsi que Mediapart l’a rapporté. Le procureur de Marseille a reconnu que « des plots de grenades » avaient été « retrouvés chez elle », mais il a prétendu qu’« à ce stade », on ne pouvait « pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès ». Mediapart
Le mépris qui suinte de partout.
Les policiers, traités comme des voyous par le gouvernement et qui se comportent en conséquence. Il y a quelques années de cela, je me souviens d’avoir lu à la médiathèque les nouvelles exigences d’embauche pour les policiers et les gendarmes. Déjà assez réduites, on avait sérieusement rabaissé les exigences en matière de lecture, d’écriture et de compréhension. Les facteurs déterminants: l’endurance physique et l’obéissance.
Hier quand je suis allée au cirque, quelqu’un était dans le bureau en train de regarder certaines des vidéos partagés sur Facebook. Celle qui tourne en boucle dans ma tête: un groupe de lycéens assis sur le trottoir, aussi non-violents qu’il est possible de l’être. Les voyous arrivent et se jettent sur eux, la matraque en pleine action.
Le mépris comme ligne de base et principe directeur. Je pense à certains des gamins que j’ai eu en “accompagnement scolaire” et à la charge de mépris qu’ils ont encaissé durant leur carrière d’écoliers. Je pense à la “rédac” de l’un d’entre eux dans laquelle il tabassait tout le monde qui s’était moqué de lui. Le voilà bien servi maintenant, avec un métier d’avenir.
Dans ces conditions, il ne sert pas à grand chose de se pencher sur les revendications des uns et les opinions des autres. Les revendications ne commencent même pas à aborder la réalité sous-jacente dans un pays considéré la cinquième ou la sixième puissance mondiale en terme de “richesse”.
Le mépris qui dégouline des hauteurs. C’est ça, la réalité du “ruissellement”. Mépris de toutes les valeurs, sauf celle de l’ascension sociale. Le dénigrement de l’autre servant d’indicateur “d’intelligence”. L’argent l’argent l’argent comme Dieu tout-puissant.
Rien de nouveau dans tout ça, dites-vous? En effet. Le mépris n’en devient que plus intolérable et les réactions, plus imprévisibles.
*
Je commence à préparer un texte pour publication (une édition fort limitée, à compte d’auteur; je veux voir le texte imprimé finalement, plutôt que sur écran). Il aura l’introduction suivante, puisque les éditeurs trouvaient qu’il” n’y avait pas assez d’explications” (et “trop de noms russes” aussi, mais ça, je n’y peux pas grand chose puisque les contes se déroulent en Russie – eh.:
ZLATOVYEK – CONTES
Zlatovyek était un domaine dans les montagnes de l’Oural. Situé au sud de Perm sur un bras imaginaire de la rivière Kama, le domaine appartenait à une famille de petits nobliaux, les Medvedkov. Son nom (“montagne d’or”) reflétait les rêves de la famille plutôt que la réalité d’une terre comportant surtout des forêts et un sol riche en minerai de fer.
Alexeï Pavlevitch Medvedkov y ramena une fillette “indigène” âgée d’environ douze ans, gagnée au cours d’une partie de cartes. À cause de son apparence, les habitants du lieu l’appellèrent “la Kalmouke”. Suite à son viol par le patriarche, Pavel Ivanovitch, elle donna naissance à un fils avec lequel elle quitta le domaine durant les soulèvements de 1905.
Les contes qui suivent couvrent la période entre l’arrivée de “la Kalmouke” en 1880 et son départ en direction de Sébastopol avec son fils Pavel, en 1905.
Quelques années plus tard, Zlatovyek (ainsi que ce bras imaginaire de la rivière Kama) disparurent sans laisser de traces.
Contempt –
In Marseille, an eighty-year old woman, Zineb Redouane, gravely injured to the face by a tear gas grenade thrown by the police into her apartment, died Sunday in the hospital, as reported by Mediapart. The Marseille prosecutor acknowledged that “grenade stumps” were “found in her home” but he claimed that “at this point” one could not “establish a cause and effect relationship between the injury and the death.”
Contempt, seeping out all over.
The cops, treated like thugs by the government, and behaving as such. A few years ago at the library, I recall reading the new hiring directives for the police and gendarmes. Requirements concerning reading, writing and comprehension skills, already light-weight, were further reduced. The determining hiring factors: physical stamina and obedience.
When I went up to the circus yesterday, someone was in the office, looking at some of the vids shared on Facebook. The one that keeps playing in my mind: a group of students holding a sit-in, as non-violent as a sit-in can get. The goons arrive and wade in, truncheons flying.
Contempt as a baseline and a guiding principle. I think of some of the kids I had in “remedial schooling”, at the amount of contempt they collected through school. I think of the essay one of them wrote in which he slugged everyone who had ever made fun of him. He’s well served now with a long-term career.
In such conditions, there’s not much point to examining the demands of these ones and the opinions of those others. The demands don’t even begin to touch the underlying reality in a country rated fifth or sixth in terms of “wealth” in a world power.
Contempt dripping down from the heights. That’s the reality of the “trickling down”. Disregard for every value except that of social standing. Denigrating others as an indicator of “intelligence”. Money money money as the ruling God.
Nothing new in all that, you say? True. Which makes the contempt that much more intolerable – and reactions to it that much less predictable.
*
I’m preparing a text for publication (self-publication in a very small edition, I want to see the text in print finally, instead of on a screen). It will carry the following introduction since editors found the tales “didn’t provide enough explanations” (and “too many Russian names” too but that can’t be helped since the tales take place in Russia. Eh. ):
Zlatovyek was a domain in the Ural Mountains. Located to the south of Perm on an imaginary branch of the Kama River, the domain belonged to a family of the lower nobility, the Medvedkovs. Its name (“gold mountain”) was a reflection of the family’s dreams rather than the reality of a holding consisting mostly of forests and a soil rich in iron ore.
Alexey Pavlevitch Medvedkov brought back an “indigenous” young girl of about twelve years he had won at a card game. Due to her appearance, the locals called her “the Kalmuk”. Following a rape by the patriarch, Pavel Ivanovitch, she gave birth to a son with whom she left the domain during the 1905 uprisings.
The tales that follow cover the period from “the Kalmuk’s” arrival in 1880 to her departure for Sebastopol with her son Pavel in 1905.
A few years later, Zlatovyek (along with this imaginary branch of the Kama River) disappeared without a trace.
not sure how one combats contempt. Suis a lire “All the Light We Cannot See” de Anthony Doerr. Occupation de la France 1941-1944, endoctrinement de jeunes allemands orphelins.. M’enfin!!! plus ca change….etc
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not sure it’s a question of “combating”, since the opposition, in itself, sets up a struggle which is a form of oxygen. No, I have no bright ideas on the topic. Recording what I see, as usual, as simply as I can. Best to you.
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