Un dimanche/A Sunday

Un dimanche –

Non, je ne fais pas encore du trapèze, suspendue par les orteils. Mais comme le Cirque Pistil propose chaque vendredi matin un heure d’étirements divers et d’exercices pour personnes “moins souples”, la suspension par les doigts de pieds ne devrait pas tarder… En attendant, j’apprends à marcher sur la poutre, à lancer et rattraper des balles et à ne pas m’assommer avec les bolas (on se pratique avec des bolas-chaussettes en tissus, ça tape beaucoup moins fort…)

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Un point tournant dans l’histoire que j’écris en ce moment. Virage à gauche? A droite? Je ne sais pas.

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Moment exceptionnel (pour moi) vendredi soir: passage dans un supermarché-monstre. Alors que je déambule dans un canyon de marchandises, je croise un petit monsieur en costume Macron (enfin…l’illusion de, car le vrai costume Macron lui coûterait le double de son salaire mensuel). Bref, un petit monsieur qui se voudrait Macron fait son marché, l’oreillette branchée afin de suivre des instructions à distance. “Non, je te dis, c’est nul à chier!“, dit-il. “Le rayon dévalisé, je te dis!”

Je glisse un œil. Le dit rayon regorge d’au moins 35 marques différentes de céréales…mais, c’est bien vrai, il y a un trou dans la troisième rangée, là où devrait se trouver la seule, l’unique marque convoitée. Français, l’heure est grave… Le ton monte entre le petit monsieur et le/la donneur/euse d’ordres. Je m’écarte pour leur laisser une certaine intimité sonore, quand même.

Ah, la vie privée… Lisez le dossier d’octobre du Canard enchaîné(#vie privée c’est terminé!),vous m’en donnerez des nouvelles.

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Satura

L’Histoire n’est pas le bulldozer dévastateur qu’on dit

Elle laisse des passages souterrains, des cryptes, des trous

Et des cachettes. Il y a des survivants

L’Histoire est bienveillante aussi: détruit

 autant qu’elle le peut: en rajouter vaudrait mieux

Bien sûr

Mais l’Histoire est à court

de nouvelles, ne mène pas à terme toutes ses vendettas.

 

L’Histoire râcle le fond

Comme une drague

Avec quelques déchirures et plus d’un poisson s’en échappe.

Parfois vous rencontrez l’ectoplasme

d’un échappé et il ne semble pas particulièrement heureux.

Il ne sait pas qu’il est au dehors, personne ne lui a dit

Les autres, dans le sac, croient

Qu’ils sont plus libres que lui.

Eugenio Montale*

* (Je ne prétends pas à une traduction particulièrement réussie – de l’anglais vers le français alors que l’original est en italien…c’est loin d’être l’idéal. Mais le sens général y est, je crois.)

*

Gilets jaunes :

“Aux abords de la gare, les forces de l’ordre ont chargé à cheval. « Ce sont des chevaux qui n’ont peur de rien, ils sont éduqués pour », témoigne une « gilet jaune » venue avec sa fille d’une vingtaine d’années. .. Un peuple heureux ne se soulève pas. » 

Ici, les ronds-points sont occupés. Vu le nombre de sujets légitimes de mécontentement, il est difficile de voir comment la situation évoluera.

 

A Sunday –

No, I don’t do trapeze hanging by my toes yet.  But as Cirque Pistil offers an hour of various stretching exercises every Friday morning for “less supple” ones, I should manage hanging by my toes soon enough…In the meantime, I learn to walk on the beam, to throw and catch balls, and how not to bonk my head with the bolas (the practice ones are made of old socks, they don’t land as hard…)

*

A turning point in the story I’m writing. Left? Right? I don’t know.

*

An exceptional moment (for me) on Friday night: visit to a monster supermarket. As I was ambling down a canyon of merchandise, I come across a little gentleman in a Macron outfit (well… wearing the illusion of such because the real Macron suit would cost double his monthly salary). In short, a little Macron wannabee was shopping, plugged into distant instructions. “No, I tell you, it’s total crap!” he says. “They’ve cleaned out the whole section!”  

I risk a glance. Said section is packed with at least  35 different brands of cereal…but, true enough, there’s a gap in the third row, where should appear the one, the only appropriate brand. France, these are serious times…The tone of voice rises between the little man and his order-giver. I step aside to allow them a bit of sound intimacy, if nothing else.

Ah, private life… Read the October dossier of the Canard enchaîné  (#vie privée c’est terminé!),and tell me about it.

*

Satura

History isn’t

The devastating bulldozer they say it is.

It leaves underspasses, crypts, holes

And hiding places. There are survivors,

History’s also benevolent: destroys

As much as it can: overdoing

It, sure

Would be better, but History’s short

Of news, doesn’t carry out all its vendettas.

 

History scrapes the bottom

Like a drag net

With a few rips and more than one fish escapes.

Sometimes you meet the ectoplasm

Of an escapee and he doesn’t seem particularly happy.

He doesn’t know he’s outside, nobody told him.

The others, in the bag, think

They’re freer than him.

Eugenio Montale

*

Yellow vests:

Near the station, the police charged with horses. (Article in French).

Here, the roundabouts are occupied. With so many threads of legitimate discontent, hard to tell how the movement will evolve.

 

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