
Information(s) –
Avec cinq ou six ans de retard, c’est peut-être la meilleure façon de lire les journaux…
2013…5 ans. Comme c’est loin. Et avec les comportements de l’actuel président des Etats-Unis, le passé prend des contours flous, arrondis, quasi idylliques…
“Le 31 août, à la surprise générale, le président américain a annoncé sa décision de demander l’approbation du Congrès pour ce qui promet d’être des tirs limités de missiles de croisière en Syrie. Obama pourra maintenant rejeter la faute sur quelqu’un d’autre si le Congrès bloque son projet mais, en contrepartie, il met en péril sa crédibilité et le prestige de l’Amérique dans le monde.”
Ainsi parlait le Wall Street Journal. (Pour ceux qui n’étaient encore que des gamins en 2013, il s’agissait de tirs de représailles pour l’emploi d’armes chimiques par le régime syrien contre sa population. Bon, me direz-vous, les produits dans les armes dites conventionnelles sont d’origine chimique aussi. On voit bien que vous ne cherchez qu’à noyer le poisson).
Je poursuis. Les “tirs limités” en question n’eurent pas lieu. Assad poursuivit sa guerre d’extermination contre son propre peuple et bien que le prestige de l’Amérique soit le cadet de mes soucis, quiconque avait des yeux pour voir a bien compris les limites du système dit des “Etats-Nations”. (Et d’ailleurs, le Wall Street Journal n’était pas sur le point de publier un éditorial dénonçant l’usage des armes dites conventionnelles là ou dans d’autres coins de la planète, non, non, non. Là où il s’agissait du – hum – “prestige de l’Amérique”, c’est-à-dire son accès aux matières premières et à la vente de ses armes dites conventionnelles. Même chose pour la Grande-Bretagne, la France, ou tout autre Etat-Nation que vous pourriez mentionner. Le “prestige”, c’est un prix lourd à payer… par les autres. )
On me le dit souvent: A)rien de nouveau sous le soleil B)on ne va pas changer le monde.
Et pourtant. Ni les régimes politiques ni les modèles économiques actuels qui les soutiennent ont pris naissance dans le paléolithique, que je sache et ce qu’on nous vend sous le nom de démocratie, en ce moment… j’aimerais bien voir ce qu’on en dira plus tard. Mais à force de se faire répéter les mêmes histoires, on finit par ne plus voir que ce dont on nous parle.
Après avoir pataugé au travers d’une pile de journaux et de revues, je suis contente de ne pas avoir de télé, ni de connection directe à internet. Saturés d’information(s), on en vient à se dire qu’à trop en connaître de ce que les autres veulent qu’on sache, on ne sait plus rien de ce qu’on voudrait savoir soi-même.
Me revient en mémoire un poème, de Ferlinghetti, je crois, que j’ai lu il y quelques quarante ans et que je n’ai jamais revu depuis. Dans lequel le poète (mais était-ce bien Ferlinghetti?) invitait le lecteur à tracer un cercle sur le sol – pas très grand, disons d’un diamètre d’un mètre. Puis de s’accroupir et de regarder. Mais vraiment. Sûr qu’il découvrirait au moins 3 000 choses qu’il ne connaissait pas, disait-il.
3 000? Je ne sais pas. Beaucoup, en tout cas. Dont pas une seule dans les infos du jour.
Information(s) –
Reading newspapers five or six years after their publication may be the best approach…
2013…5 years. So far away. And given the behavior of the current President of the United States, the past takes on vague, soft, quasi idyllic contours…
2013…“On August 31st, the President of the United States surprised everyone with his decision to seek the approval of Congress for what promises to be limited airstrikes against Syria. Obama will thus be able to put the blame on someone else if Congress blocks his projects but, by the same token, he imperils his credibility and American prestige throughout the world.”
Thus spake The Wall Street Journal at the time. (For those who were but tykes in 2013, these airstrikes were supposed to be in reprisal for the use of chemical weapons by the Syrian regime against its population. OK, so you tell me all products in so-called conventional weapons are also of chemical origin. You obviously want to muddy the waters.)
I continue. The “limited airstrikes” did not take place. Assad continued his war of extermination against his own people and although American prestige is the least of my concerns, anyone with eyes can see the limits of the system known as that of “Nation-States.” (Clearly, The Wall Street Journal was not about to publish an editorial denouncing the use of so-called conventional weapons elsewhere in the world no, no, no. Where the – hm – prestige of America was at stake, which is to say its access to raw materials and the sale of its conventional weapons. Same as for Great-Britain, France and any other Nation-State you care to mention. “Prestige” comes at a heavy cost…to others.)
People often tell me: A) there’s nothing new under sun; B) you can’t change the world. Yet, to my knowledge, neither the existing political regimes nor the economic models they uphold were born in the Paleolithic. As for what they are selling us under the label of democracy, these days… I’d like to see what they will say about it in the future. But if you keep on listening to nothing but the same stories, over and over again, you end up knowing what you’re told, and nothing else.
After wading through a pile of old newspapers and magazines, I’m glad I don’t have a TV, or direct access to the web. With too much information(s), you reach a saturation point where you know too much of what others want you to know, and not enough about anything of your own anymore.
Each time someone serves up the “nothing new” soup, I remember a poem, by Ferlinghetti I think it was. I read it some forty years ago and never found it again since. In which the poet (but was it Ferlinghetti?) invited the reader to draw a circle on the ground – not very big, say one meter in diameter.) Then, to crouch down and to look. Really. For sure he or she would discover at least 3 000 things he or she didn’t know, he said.
3 000? Really? I don’t know, but lots anyway. None of them in today’s news.