
Où –
Hier, quelqu’un que je n’avais pas vu depuis longtemps m’a demandé des nouvelles de mon chien. Le chien est mort depuis quelque chose comme deux ans – je ne garde pas en mémoire les dates précises des décès.
C’était un chien trouvé qui avait connu des malheurs. Nous avons vécu ensemble pendant huit ans. Tout comme un autre chien qui fut une amie, elle aimait la musique. (L’autre chien avait une peur panique du tonnerre mais se calmait si je lui mettais les écouteurs sur la tête pour entendre le second mouvement de la 6esymphonie de Beethoven – la tempête… Allez savoir.)
La musique préférée de Cybèle? Les chansons tristes. En yiddish, en russe, espagnol, français, anglais, n’importe. Donnez-lui un rythme lent en mineur et elle venait poser sa tête sur vos genoux avec de profonds soupirs et de petits couinements. (Ça devait lui plaire parce qu’elle donnait des coups de museau si je faisais mine d’arrêter.)
Le dernier matin, après une série de violents épisodes épileptiques, elle ne reconnaissait plus rien autour d’elle, ni moi, ni les lieux. Jusqu’à ce que je prenne sa tête sur mes genoux et que je lui chante une de ses chansons tristes préférées – une petite chanson en russe qui dit essentiellement où est la maison et où est la rue et où est la petite fille que j’ai connue (aimée)? Ses yeux ont rétabli le contact. Elle m’a reconnue et elle a écouté. Alors je lui ai expliqué que le vétérinaire était en route pour mettre fin à sa souffrance et à la confusion, et j’ai continué à chanter – en yiddish, espagnol, français, anglais, qu’importe. Je l’ai accompagnée en musique jusqu’à ce que la vie disparaisse pour aller se réorganiser autrement, ailleurs.
Où? Je ne sais pas.
(Ceci en réponse aux deux gentilles dames qui se sont présentées à ma porte cette semaine, voulant savoir si je crois en Dieu. Je les ai déçues, mais non surprises, en répondant que non. Elles voulaient savoir pourquoi – étais-je déçue, confuse par la façon dont la vie se déroulait, est-ce que…J’ai répondu que, simplement, je ne croyais pas dans le Dieu dont elles voulaient parler, en leur souhaitant la meilleure des chances, à elles et à nous aussi.)
Illustration: le titre complet du film de Natacha Sautereau est C’est où ailleurs d’ailleurs. Mais comme j’ai pensé à Cybèle et aux deux dames à peu près à ce moment de la projection…
Where –
Someone I hadn’t seen for a long time asked about my dog yesterday. The dog died somewhere around two years ago – I don’t keep much track of the dates of deaths.
The dog was a foundling who had known some hard times. We were together for some eight years. Like another one of the dogs I befriended, she had a love of music. (The other such dog who had a panicky response to thunder would calm right down if I put the earphones on her and tuned her into the second movement of Beethoven’s 6th symphony – The Storm… Go figure.)
Cybèle’s preferred music? Sad songs. Yiddish, Russian, Spanish, French, English, no matter. Give her a minor chord and a slow rythm and she would come over, lay her head on your lap and heave huge sighs and tiny moans. (She must have enjoyed this because she’d shove at me with her nose if I meant to stop.)
On her final morning, after a series of violent epileptic seizures, she no longer recognized anything about me or of her surroundings. Until I held her head and sang one of her favorite sad songs – a short ditty in Russian that says, essentially: where is the street and where is the house where is the young girl that I used to love. Her eyes came into focus. She recognized me and listened. So I explained the vet was on his way over to end the pain and confusion, and sang some more – Yiddish, Spanish, French, English, no matter. Sang her out to wherever life disappears and takes off to reorganize.
Where? I have no idea.
(This in response to two lovely ladies who showed up at my door this week, wanting to know if I believe in God. They were disappointed, but not surprised, when I said I did not. Wanted to know why – was I disappointed, confused over the way the world was evolving, did I… I said I simply did not believe in the God they wanted to talk about, ladies, sorry, best of luck to you and to us all.)
Illustration: the full title of Natacha Sautereau’s film is C’est où ailleurs d’ailleurs (Where is elsewhere anyway). But since I thought of Cybèle and the two ladies at about this point in the projection…