
Voisins –
Voici mes nouveaux voisins les plus rapprochés. Oui, j’habite en ville. Une ville désindustrialisée où les anciennes mégisseries croulent dans la rivière, les anciens ouvriers regardent couler les jours depuis les salons de thé et certains espaces vides servent à d’autres usages qu’urbains.
Je ne connais pas le nom du cheval. Il appartient au cirque et faire ses tours de manège chaque jour, ensuite il occupe le reste de son temps à chasser les mouches et à se tenir compagnie à lui-même.
Deux des trois poules apparaissent sur la photo. L’ébouriffée s’occupe de ses propres affaires. La noiraude se précipite chez moi de temps en temps pour m’ausculter. La blanche est un peu hautaine, du moins, pour l’instant. Elle ne souhaitait pas se faire photographier en tant que figurante dans une photo de groupe.
Il y a aussi un chat gris. En fin d’après-midi quand le soleil est juste comme il l’aime, il vient faire la sieste près de ma porte qui donne sur le jardin.
*
Croisé un des paumés du petit matin près du marché alors qu’il se dirigeait vers ses heures de sommeil.
“Eh, salut,” me dit-il.” Comment vas-tu?”
“Je vais, merci. De retour depuis samedi.”
“Ah, parce que tu étais partie?”
“Euh…oui. Depuis quelques…quatre mois?”
“Ah, dit-il, c’est pour ça qu’on te voyait plus.”
En effet, ceci explique assez bien cela. (Il était au courant pour la chirurgie mais il faut croire que l’alcool et les stups relativisent les détails agaçants, tels que la durée des événements…). Le temps – lequel ? Celui de qui ?
*
L’installation se poursuit.
Surtout, l’écriture revient.
Neighbors
These are my closest new neighbors. Yes, I live in a town. A de-industrialized one with old tanneries falling into the river, old ex-workers whiling away the hours in tea shops and some empty spaces put to other uses than citified ones.
I don’t know the horse’s name. He belongs to the circus and galops round and round every day, then spends the rest of the time chasing the flies and keeping his own company.
Two of the three chickens appear in the photo. The fluffy one keeps her own counsel. The black one races over to my place to check me out every once in a while. The white one is a bit stand-offish, at least for the time being. She declined the photo op since she couldn’t see herself as a walk-on in a group portrait.
There is also a grey cat. He comes for a snooze near my garden door, in the late afternoon when the sun is just right.
*
Ran into one of the town’s night revellers near the market as he made his way home to bed.
“Hey, how are you?” he asked.
“Fine, thanks. Back since Saturday.”
“Oh…You were away?”
“Uh…yes, for the past…4 months?”
“Ah,” he says, “that’s why we didn’t see you around.”
This strikes me as a valid explanation indeed. (He’d heard about the surgery but dope and booze tend to wipe out annoying details, such as the duration of events.) Time – which one? Whose?
*
The installation proceeds.
Most of all, the writing returns.