Sueno

Sueno –

Je pourrais écrire au sujet des statues dans l’église: parmi elles, cinq de la Vierge, toutes différentes et revêtues de robes mirifiques.  Une autre du Christ portant une robe de velour rouge et une couronne d’épines, debout avec des épaules tombantes aussi abattues qu’on puisse imaginer.

Ou je pourrais écrire au sujet de l’effigie en pierre de Tonantzin – la Mère – la déesse qui a précédé ici l’arrivée des diverses appellations de la Vierge et de son Fils sacré. Chaque ancien champs cultivé dans ce pays contient une copie de  Tonantzin pour en assurer la fertilité.

Le déplacement des anciennes divinités et leur remplacement par celles de leurs conquérants me fait penser au syndrome de Stockholm, où les victimes qui souhaitent survivre s’identifient aux buts de leurs ravisseurs – tout en y incluant les bribes d’identité personnelle qu’ils parviennent à sauver.

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Ou je pourrais écrire au sujet des insectes qui glissent sur l’eau, sans jamais rompre la tension de surface. Certains sont mangés par les grenouilles et les poissons, d’autres parviennent à s’échapper et à compléter leur vie de planeur. En français on les appelle des patineuses. Je ne connais pas leur nom en espagnol.

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Dernière journée complète ici. Demain, je voyage de Manzanillo à ciudad Mexico, puis jusqu’à Montréal.

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Le titre ? Je cherchais un livre pour le trajet, en français ou en anglais. Je n’ai pas trouvé, mais je repars avec le classique de Pedro Calderon de la Barca, La vida es sueno (La vie est un songe). Ce que j’arriverai à en comprendre? No sé.

 

 Sueno –

 I could write about the statues in the church: among them, five different ones of the Virgin Mary, each with a different splendiferous gown. One of a life-size Christ, wearing a red velvet gown and a crown of thorns,  standing  with the droopiest, most despondent-looking shoulders you can imagine.

Or I could write about the stone effigy of Tonantzin – the Mother – who preceded the arrival here of the variously designated Virgin and her sacred Son. Every field ever cultivated in this land holds a copy of Tonantzin for fertility purposes.

The displacement of the old deities and their replacement by those of the conquerors reminds me of the Stockholm syndrome, where the victims intent on survival identify with the aims of their kidnappers – while sneaking in whatever bits of their own identity they manage to salvage.

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Or I could write about lady bugs, gliding on pools of water, never breaking the surface tension. Some get eaten by frogs and fishes, others manage to escape and live out their water-glider lives. In French we call them patineuses (skaters). I don’t know their name in Spanish.

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Last full day here. Tomorrow, I travel from Manzanillo to Ciudad Mexico, then on to Montreal.

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The title? I was looking for a travel book in French or in English, but didn’t find one. Instead, I picked up Pedro Calderon de la Barca’s La vida es sueno (Life is a dream). What I’ll manage to make of it? No sé.

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