“La morditita”

“La morditita”-

Ça débute comme une “mordida” (arnaque) classique: une voiture avec des plaques étrangères, arrêtée par un policier de la route, le chauffeur accusé d’avoir grillé un feu rouge. Menace d’une peine salée (mais pas de contravention écrite encore, évidemment).

Puis, il se passe quelque chose. Oui, la voiture est immatriculée à l’étranger mais sa propriétaire a un permis de conduire mexicain et – ah, parce que vous habitez ici? Et…vous êtes sur le point de devenir résidente permanente. Vous aimez vivre au Mexique?…Je vois que vous habitez la localité de x, moi aussi…”

Alors le policier remit le permis de conduire au chauffeur et lui dit: “un refresco suffira, senora.”

Un “refresco”– un petit “quelque chose” pour qu’il s’achète une boisson fraîche.

Elle lui remit deux pièces de monnaie – un total de quinze pesos – qu’il reçut avec étonnement. Il la remercia, lui demanda de ne pas reculer sur sa moto, et elle reprit la route.

Morale de l’histoire: “l’étrangère” a eu un coup de bol, dû à sa méconnaissance du code de la route au Mexique…et à la confusion ainsi engendrée chez le brave représentant de l’ordre. En langage codé, un “refresco” correspond à 100 pesos – la perception de base d’une mordida de grand chemin.

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Entretemps dans The New York Times, l’ancien président des Etats Unis, Jimmy Carter, livre ses considérations éclairées au sujet de la Syrie. Sous le titre “An Ugly Peace is Better than War“, Monsieur Carter enjoint les nations à renouer avec le gouvernement Assad, tout en exigeant des réformes (mais ces exigences devraient rester ‘modérées’). Les Assad, père et fils, ont fait leur fortune personnelle (et le malheur de leurs ‘sujets’) grâce aux “exigences modérées” des uns et des autres. Un peu plus, un peu moins, n’est-ce pas? Quand on n’est pas celui à la subir, la douleur est vraiment très tolérable.

“Si en effet, le seul objet pertinent de la politique est devenu la politique étrangère, c’est-à-dire le danger qui guette toujours les relations internationales, cela signifie ni plus ni moins sinon que le mot de Clausewitz, la guerre n’est rien d’autre que la poursuite de la politique avec d’autres moyens, s’est inversé, de telle sorte que la politique est finalement devenue une poursuite de la guerre dans laquelle les moyens de la ruse se sont provisoirement introduits à la place des moyens de la violence. Et il est indéniable que les conditions de la course aux armements dans lesquelles nous vivons et devons vivre permettent à tout le moins de penser que le mot de Kant – rien ne devrait arriver pendant la guerre qui rende impossible une paix ultérieure – s’est lui aussi inversé, en sorte que nous vivons dans une paix au sein de laquelle rien ne doit être épargné pour qu’une guerre soit encore possible.” Hannah Arendt

“La morditita” –

It starts off like a classic “mordida” (sting): a car with foreign license plates, stopped by a  patrolman, the driver accused of crossing on a red light. The threat of a heavy fine ( no ticket written up yet, of course.)

Then, something happens. Yes, the car has foreign license plates but the owner has a Mexican driver’s license and – oh, you live here? Ah…about to acquire permanent resident status. You like living in Mexico?… I see you live in the township of x, so do I…”

The patrolman hands back the driver her license and says “a refresco will do, senora.”

A “refresco” – a bit of change so he can buy himself a cold drink.

She hands him two coins – a total of fifteen pesos – which he receives with astonishment. He thanks her, reminds her not to back into his motorcycle, and she drives off.

Morality of this tale: the “stranger” had a bit of luck due to her ignorance of the Mexican highway  code…and the confusion she thus introduced in the brave patrolman’s mind. In coded language, a “refresco”  means 100 pesos – the baseline amount in a roadside mordida.

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Meanwhile in The New York Times, Jimmy Carter, a former President of the United States, reveals his informed opinions concerning Syria. Under the title   “An Ugly Peace is Better than War“, Mister Carter enjoins the nations to renew with the Assad government, while expecting reforms (but these demands must be kept “moderate”). The Assad, father and son, have built their personal fortunes (and the misery of their ‘subjects’) on this one and that one’s “moderate demands”. A bit more or a bit less, yes?When you’re not the one subjected to it, pain is truly most tolerable.

“If indeed, foreign affairs have become the only relevant aspect of politics, which is to say the dangers always threatening international affairs, this means no more and no less than that Clausewitz’ words  – that war is nothing other than the pursuit of politics by other means – have become inverted, so that politics have finally become the pursuit of war in which the means of ruse are provisionally introduced in lieu of violence.  And it is undeniable that the conditions of the arms race in which we live and must continue to live allow one to think that Kant’s words – that nothing should happen during the war that renders an ulterior peace impossible – have also become inverted, so that we live in a peace in which nothing must be spared so that a war still be possible.” Hannah Arendt

 

 

 

 

 

 

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