pp 125-126

pp 125-126 –

Entre le retour du marché sous un soleil radieux (“ça ne durera pas!” me promet quelqu’un…raison de plus pour l’apprécier, non?), lectures, traductions et une bouchée, l’extrait de Kertész dont je parlais hier, avant de me remettre à la traduction :

“Le jeune chauffeur de taxi berlinois. Il me demande si je viens à Berlin en visiteur. Non, j’y habite d’une certaine manière. La ville me plaît? Oui, parce que c’est la moins allemande des villes d’Allemagne. Parce qu’elle a une bonne atmosphère internationale, qu’on y voit toutes sortes de gens dans les rues, parce que dans le Berlin-Ouest “classique”, à Charlottenburg, là où j’habite, c’est paisible, les gens lisent déjà à partir de Pâques le journal sur les terrasses des cafés, c’est calme, tranquille et, quand le vent souffle, on sent le parfum du printemps et de la liberté. Il me répond que beaucoup de vieux Berlinois déplorent ce que j’apprécie : notamment que le vieux Berlin ait disparu, qu’il y ait trop d’étrangers, que la vie soit devenue chère, etc. Suis-je déjà allé à Wedding ? Je lui réponds que non, interloqué parce que je ne comprends pas pourquoi je devrais aller à Wedding (les personnes qui nous ont invités à dîner m’apprendront que Wedding était le Harlem turc de Berlin). Le chauffeur finit par me demander ce que je fais et je réponds que j’ai publié un livre en allemand. En entendant mon nom, il me dit qu’il est en train de lire Journal de galère. “Schwieriges Buch”, dit-il, Sie aber scheinen heiter zu sein*”. Je confirme. C’est très bien comme ça, dit-il en me serrant la main. Il doit avoir dans les vingt-cinq ans.”**

*”Un livre difficile, mais vous semblez être quelqu’un de joyeux”, en allemand

**Imre Kertész, Sauvegarde, Journal 2001-2003 traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Actes Sud 2012.

*

pp. 125-126 –

Between the return from the market under a radiant sun(“it won’t last!” someone promises me…reason enough to enjoy it, no?), reading, translations and a bite, the excerpt from Kertész I mentioned yesterday, prior to going back to translating:

“The young Berliner taxi driver. He asks me if I’m a visitor in Berlin. No, I live here, in a way. You like the city? Yes, because it’s the least German town in Germany. Because it has a good international atmosphere, you see all kinds of people in the streets, because in the “classical” Berlin-West, in Charlottenburg, where I live, it’s peaceful, people read the paper on café terraces  as early as Easter, and when the wind blows, you smell the perfume of spring and of freedom. He answers a lot of old Berliners deplore what I appreciate : notably, that the old Berlin has disappeared, that there are too many strangers, that life has become too expensive, etc. Have I ever been to Wedding? I answer no, taken aback because I don’t understand why I should go to Wedding (the people who invited us to dinner will tell me Wedding is the Turkish Harlem of Berlin). The driver ends up by asking what I do and I answer that I’ve published a book in German. When he hears my name, he tells me he is reading Journal de galère (Kertesz’ thoughts from 1961 to 1991 – observations, aphorisms, etc)

Schwieriges Buch,” he says, Sie aber scheinen heiter zu sein.* I confirm. He approves. That’s just fine, he says, shaking my hand. He must be around twenty-five years old.”**

*”A difficult book, but you seem to be someone joyful“, in German.

**Imre Kertész, Sauvegarde, Journal 2001-2003 traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Actes Sud 2012. (The book may be available in English. If so, I don’t have access to it.)

Leave a comment