
Citoyens-fonctionnaires, bonjour –
Pour l’heure, tous les documents en lien avec l’écriture de babioles fictives et littéraires attendent patiemment sur un fauteuil, comme des animaux de compagnie privés de compagnie, justement. À leur place, deux piles de documents administratifs: une pile canadienne, une pile française. Les chose seraient (relativement) aisées si je pouvais procéder avec ordre, une pile à la fois. Malheureusement, le citoyen-fonctionnaire honnête et zélé n’a pas cette possibilité. De plus, si le citoyen-fonctionnaire a de faibles revenus, il/elle ne peut pas se décharger de ces tâches sur un comptable.
Non, je ne souffre pas de “phobie administrative” comme un certain ministre-éclair (qui trouva tout de même le moyen de surmonter sa détestation de la paperasse, le temps d’enregistrer l’expression pour usage et profit ultérieurs). Plus prosaïquement, j’ai une saine aversion pour des documents de 4 pages qui se lisent comme suit: “cochez 1 si vous avez répondu ‘oui’, cochez 2 si vous avez répondu ‘non’ (consultez la ligne 177 du guide et joignez le formulaire T 1135 à celui-ci si vous avez coché 3 ‘autre’). Ma vie se déroulant au royaume du “autre”, ma carrière de citoyenne -fonctionnaire progresse péniblement. Mais comme le président français nous promet une baisse constante de fonctionnaires contre lesquels râler, il va bien falloir s’habituer à râler contre soi-même. Ah la-la. Si c’est pas malheureux. En plus de créer nos propres emplois, de recycler les déchets que nous imposent les fabricants de compotes ou de tartinades au chocolat, et de tenter de capter l’attention de gamins de 7 ans bouffés par leurs portables, nous sommes priés de cocher des case tout en faisant semblant que nos bien-aimés dirigeants savent ce qu’ils font en matière 1 d’économie 2 d’ affaires étrangères 3 de problèmes sociaux et 4 de tout “autre” qu’il vous plaira de soulever.
Citoyens-fonctionnaires, ne demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous et pensez à tout ce que vous pouvez faire pour l’Etat.
Bien. Maintenant que j’en ai terminé avec mes tâches pour le gouvernement canadien, au travail pour l’état français ! (Dites, ne croyez-vous pas qu’il faudrait imposer une taxe de non-habitation aux SDF de diverses origines? Parce qu’en choisissant de vivre à la rue, comme ça, ils privent l’Etat de revenus, non? Pas comme ces bons citoyens corporatifs qui font tourner l’économie en nous apportant des informations cruciales, comme le fait que le président a dansé avec son épouse ou qu’un tel a snobé l’autre tel lors d’un très très beau dîner à Paris.)
Je fais mieux de me remettre au boulot, sinon je vais devoir me déduire un montant X en cochant la case “frivolité non programmée durant les heures de travail”.
Amitiés.
Civil servant-citizens, greetings –
For the time being, all documents related to the writing of fictional and literary knick-knacks await patiently on the armchair, like pets deprived of company. Replacing them are two piles of administrative documents: a Canadian pile and a French one. Things would be (relatively) easy if I could proceed in an orderly fashion, one pile at a time. Unfortunately, the honest and zealous civil servant-citizen has no such option. Furthermore, if the civil servant-citizen has limited revenues, he/she cannot hand the job over to an accountant.
No, I do not suffer from “administrative phobia” as did one speedy passthrough French minister (who did manage to overcome his detestation of paperwork long enough to register the expression for ulterior use and profit). More prosaically, I have a healthy aversion to 4 page documents that read: “check 1 if you answered “yes” check 2 if you answered “no” (see line 177 of the guide and file Form T 1135 along with this form if you checked 3 “other”). Since my life plays out in the realm of “other”, my career as a civil servant-citizen progresses with difficulty. But since Président Macron has promised us ever diminishing numbers of professional civil servants against which to kvetch, I suppose we’ll have to get accustomed to kvetching against ourselves. Oy. If that isn’t a shame. Besides creating our own jobs, recycling the garbage foisted on us by applesauce or chocolate spread manufacturers, and attempting to grab a 7 year old’s attention away from his cell phone, we are kindly invited to check the boxes, while pretending that our beloved leaders are in perfect control of 1 the economy 2 foreign affairs 3 social problems and 4 everything else you care to mention.
Civil servant-citizen, ask not what the State can do for you, but what you can do for the State.
Good. Now that I’ve finished my work for the Canadian government, onward to my duties to the French State! (Tell me, don’t you think we should impose a non-habitation tax on the homeless of various origins? Because, by choosing to live out on the streets, they deprive the State of revenues, don’t they? Not like all those good corporate citizens bringing you the latest news on important topics like the Président dancing with his wife or so-and-so snubbing such-and-such at a very very fine Parisian dinner.
I’d better get back to the job at hand, or I’ll have to dock my pay of amount X by checking the box “unscheduled frivolity during a work period.”
Best.