
“Avancez par en arrière !” –
Telle était l’injonction paradoxale des chauffeurs de bus dans mon enfance montréalaise lorsque les gens s’entassaient à l’avant. À suivre l’actualité, on a un peu la même impression de recul sous prétexte de grand bond en avant : Erdogan en visite chez le pape reçoit une jolie médaille de l’archange Michel terrassant le démon. S’il y avait intention subliminale, elle a frappé juste: Erdogan s’imaginant en grand leader des Ottomans affrontant les croisés. Avancez par en arrière…
Sans compter Poutine et El Assad reproduisant leurs propres pages de l’enfer de Dante, “live”. Et l’ineffable Donald, tel un Mister Donut hargneux, déclarant traître à la patrie ceux et celles qui n’applaudissent pas à ses discours – retour au “l’Etat c’est moi” d’un certain Louis XIV.
Vraiment, la grandeur nous sollicite de toutes parts.Je pourrais en rajouter, et de terres moins éloignées aussi. Mais je reste sur cette conclusion d’un article publié dans The New York Times, ce matin. Vous ne souhaitez pas le lire (quoi! tout un article en anglais!!) alors, au moins, lisez ceci : “Il ne fait pas de doute que la majorité des combattants de Manbij sont des arabes, mais leurs principaux leaders sont kurdes avec une formation dans les YPG. Le leader du conseil militaire de Manbij, Muhammed Abu Adel, est kurde, tout comme Mr. Derwish, le porte parole influent du conseil, qui affiche une large photo d’ Abdullah Ocalan sur le mur dans son bureau.
“Ce qui m’apparaît étrange, c’est que la Turquie, en tant que membre de l’OTAN, nous fait la guerre au nom du jihad, mais nous ne sommes rien d’autres que des démocrates,” a dit Mr. Derwish. “Dans notre société, les femmes sont libres, nous avons l’égalité et la démocratie. Et c’est nous qu’ils veulent détruire.”
Le général Funk (américain), un vétéran de l’ Iraq et d’autres déploiements, dit que la Syrie a été “merveilleuse” en comparaison. “Les gens cherchent à retrouver leur vie normale,” a-t-il dit. “Tant que les gens vont continuer à travailler ensemble sur ce gouvernement local et ce contrôle local, je vois de l’espoir.”
Pendant ce temps, Recep Tayyip Erdogan, valeureux membre de l’OTAN, s’époumonne: “Avancez par arrière !” (Pensez: ces horribles kurdes ont fait de l’égalité des femmes l’un des fondements de leur système de gouvernement en Syrie du nord. Vous imaginez? Mais où va le monde, je vous le demande?)
“Move forward to the back!” –
With those paradoxal words did the bus drivers of my Montreal youth instruct us when things got jammed up in the front. Following the news, I have the same impression of a step back in time masquerading as the great leap forward: Erdogan visiting the pope and receiving a pretty medal depicting Archangel Michael destroying the devil. If there was a subliminal message intended, it struck home: Erdogan seeing himself as the Ottoman’s great leader taking on the crusaders. Move forward to the back…
This is before mentioning Putin and El Assad reproducing, live, their own pages from Dante’s Inferno. And the ineffable Donald, like a snarling Mister Donut, declaring that those who don’t applaud his speeches are traitors – a shift back to the “I am the State” of a certain Louis the Fourteenth.
Truly, greatness beckons from all directions. I could add more, from lands much closer to home. But I’m still on this article published in The New York Times this morning. If you can’t be bothered reading (what! a whole article!!), at least read this: “There is little doubt that the bulk of Manbij soldiers are Arabs, but their key leaders are Kurdish, with backgrounds in the Y.P.G. The Manbij Military Council leader, Muhammed Abu Adel, is Kurdish, as is Mr. Derwish, the council’s influential spokesman, who has a prominent photograph of Abdullah Ocalan on the wall of his office.
“What’s strange to me is that Turkey, as a member of NATO, is making this war against us under the name of jihad, but we are only democrats,” Mr. Derwish said. “In our society, women are free, we have equality and democracy. And they want to destroy us.”
General Funk, (an American), a veteran of Iraq and other deployments, said Syria had been “delightful” by comparison. “People are trying to get back to their normal way of living,” he said. “As long as people keep working together on that local governance and local control, I see hope.”
Meanwhile, that valorous NATO leader, Recep Tayyip Erdogan, bellows: “Move forward to the back!” (just think: those awful Kurds have made equal rights for women one of the basic tenets of their governance in Northern Syria. Can you imagine? What is this world coming to?)