“It’s capitalism, stupid”

“It’s capitalism, stupid” –

Les aventures de la marchandise* et la société autophage -capitalisme, démesure et autodestruction** d’Anselm Jappe :  je crois que je vais lire les deux titres en parallèle. Dans la Préface à la nouvelle édition du premier , je lis ceci: “…la valeur se fonde sur une scission préliminaire  par rapport à la sphère de la “non-valeur”…essentiellement dévolue aux femmes.” Pour le constater, il suffit de remarquer que le travail domestique ou le soin des enfants n’acquièrent de valeur “marchande” qu’à partir du moment où le travail est effectué par quelqu’un d’autre que la mère, cette dernière donnant gratuitement de sa personne. Comme l’amour n’a pas de prix… Et comme la valeur marchande nous semble appartenir aux fondements même de notre monde, il est plus que temps d’y regarder de plus près.

Pour ce qui est de la société autophage, le livre s’ouvre sur un mythe grec que je ne connaissais pas: celui d’Érysichthon qui fut puni par Déméter de la destruction de son bois sacré en étant condamné à une faim si insatiable qu’il en finit par se dévorer  lui-même. Comme métaphore du capitalisme, c’est plutôt bien trouvé.

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Une fois n’est pas coutume: le titre de mon article est en anglais seulement et il est inspiré par un article dans le  The New York Times du 21 novembre 2017  intitulé The Climate Crisis? It’s Capitalism, stupid.(“La crise du climat? C’est le capitalisme, idiot”). Évidemment, un lecteur s’est précipité pour dire que, question dommages causés à l’environnement, “les socialistes en font autant” comme si, du socialisme, nous connaissions autre chose qu’une étiquette apprêtée à toutes les sauces. Et comme s’il s’agissait de “marquer des points” pour une équipe plutôt que de réfléchir au-delà des slogans, des mots d’ordre et des campagnes publicitaires.

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Je laisse aussi le titre uniquement en anglais parce que, sur la toute petite place de la petite ville française où j’habite, deux (2) commerces jugent bon de faire leur publicité de Noël avec des affiches en anglais. J’espère qu’on aura compris que je n’ai rien contre cette langue que je pratique tous les jours. Mais comme la plupart de mes aimables concitoyens ne la pratiquent pas au-delà de “Hello, how are you? thank you goodbye” et que les pubs en question proviennent de campagnes plus larges, à quoi riment ces “Black Friday sales” et ces “Magical Christmas“?

Le Black Friday en question étant une invitation à acquérir à prix réduit ce dont on n’avait pas besoin de toutes façons…et qu’on mettra à la poubelle d’ici deux mois.

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Pendant ce temps, la marchandisation de l’humain poursuit son chemin. Dans sa forme la plus odieuse, l’esclavage que nos dirigeants semblent re-découvrir avec effarement chaque fois qu’il en est fait mention publiquement. Mais aussi par la transformation  d’humains en petits Érysichthon…consentants ou non.

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Oui, décidément, je vais lire ces deux titres en parallèle.

*Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise Pour une critique de la valeur, La Découverte poche, Paris 2017

**Anselm Jappe, la société autophage, capitalisme, démesure et autodestruction, éditions la découverte, Paris 2017

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“It’s capitalism, stupid”

Les aventures de la marchandise* (The Adventures of the Commodity) and la société autophage – capitalisme, démesure et autodestruction** (the self-devouring society, capitalism, excess and self destructionby Anselm Jappe :  I think I’ll be reading both titles in parallel. In the preface to the new edition of the first, I read the following: “…la valeur se fonde sur une scission préliminaire  par rapport à la sphère de la “non-valeur”…essentiellement dévolue aux femmes.” (Value rests on a preliminary division from the sphere of ‘non-value’…essentially allotted to women.) You need only see how domestic work or child care take on a “merchant” value only when performed by someone other than the wife/mother who gives freely of her person. Since love is priceless… And as merchant value seems to belong to the very foundations of our world, it’s time to look at it more closely.

As for la société autophage, the book begins with a Greek myth I didn’t know: the one of  Erysichthon who was punished by Demeter for destroying her sacred wood. She sentenced him to a hunger so insatiable he ended up devouring himself. Rather fitting as a metaphor for capitalism.

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Just this once, the title of my post is in English only, inspired by an article in  The New York Times‘s November 21st edition titled  The Climate Crisis? It’s Capitalism, stupid.   Of course, one reader immediately rushed to say that, as far as damage to the environment was concerned “the socialists were just as bad” as if we knew anything other about socialism than a label served up in convenient guises.  And as if the question was about “scoring points” for a team rather than thinking beyond slogans, mottos and ad campaigns.

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I’m also leaving the title in English only because, on the tiny square of the small French town where I live, two (2) shops have chosen to advertise their Christmas wares with English ads. I hope everyone will understand I have nothing against a tongue I practice every day. But as most of my gentle neighbors don’t speak it beyond   “Hello, how are you? thank you goodbye” and the ads are clearly from more global campaigns, what is the point to these  “Black Friday sales” and the best wishes for a  “Magical Christmas“?

Said Black Friday being an invitation to buy on sale things you didn’t need in the first place…and that you’ll put in the garbage two months from now.

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Meanwhile, the merchandization of humans proceeds. In its most odious form, slavery, which our leaders seem to re-discover with dismay every time there’s public mention of it. But also, through the transformation of humans into tiny Erysichtons – be they consenting or not.

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Yes, I’m definitely going to read both titles in parallel.

*Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise Pour une critique de la valeur, La Découverte poche, Paris 2017

**Anselm Jappe, la société autophage, capitalisme, démesure et autodestruction, éditions la découverte, Paris 2017

(I don’t know if both these titles have been translated into English but you can read here an interview with the author, done in 2015.)

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