En souriant/While smiling

En souriant –

En traduisant les paroles de cette inconnue, bien d’autres femmes me revenaient en mémoire. Ces femmes n’habitaient pas au Kurdistan; elles étaient mes voisines dans un quartier de Montréal, jadis ouvrier, dorénavant branché. De crèches, il n’y avait que des établissements privés à l’époque. On arrachait les dents des enfants, ça coûtait moins cher que de les entretenir. “Nés pour un p’tit pain,” disaient-elles. La lessive, les dettes, les bordées d’injures; les franches rigolades aussi quand le ridicule l’emportait sur le désespoir.

Je traduis les mots d’un groupe de femmes au Kurdistan. Elles parlent de coopératives, de découvrir une part d’autonomie. De la misère écrasante et des exactions de l’Etat. D’une coopérative où les maris se présentent pour réclamer le salaire de leurs femmes. Des masses d’effort requises pour les résultats les plus risibles. Elles parlent du bonheur de rompre les murs de l’isolation. Elles parlent, elles sourient, quelqu’un les écoute.   Tout un miracle, n’est-ce pas?

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Je serai loin de mon ordinateur jusqu’à mardi prochain. Ça sera un silence fertile. J’en reparlerai au retour.

While smiling

While translating this stranger’s words, many other women came back to mind. Those women did not live in Kurdistan; they were my neighbors in a long-ago Montreal neighborhood, once working-class, now gentrified. Of day care centers, only private ventures existed then. Children’s teeth were pulled out in one shot, it was cheaper than paying for their upkeep. “Born for a tiny loaf,” the women would say. The laundry, the debts, the volleys of abuse; the hearty fits of laughter too when the ridiculous won out over despair.

I translate the words of a group of women in Kurdistan. They talk of coops and finding some autonomy.  Of the grinding poverty and the State’s exactions. Of one coop where the husbands show up at pay time to take their wive’s money. Of the massive amounts of work required for the most laughable of results. They talk of the happiness in breaking down the walls of isolation. They talk, they smile, someone listens. How’s that for a miracle? (I will add the link to the English version of the article once it’s done. It will be posted on http://www.kedistan.net where you can read other articles in English in the meantime.)

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I will be away from my computer until next Tuesday. It will be a fertile silence. I’ll talk about it when I come back.

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