Indispensable

Indispensable –

Après une nuit et un jour à ressentir les sueurs froides du personnage de dessin animé qui marche dans le vide au-delà de la falaise en attendant que la gravité fasse son oeuvre: immense soulagement ce matin. Malgré l’absence de contrat, l’employeur a versé le salaire à mon compte et ma fille, au loin très loin, me lance aussi une bouée de sauvetage. Résultat: le propriétaire recevra son dû, le fournisseur d’électricité aussi. Par contre, un certain arnaqueur opérateur de téléphonie mobile, découvrira à nouveau que les résiliations de contrat actées par courrier recommandé signifient la fin du Free Service au “bar ouvert” de l’ex-client. Non, pas question de payer 10€ au banquier pour bloquer de façon permanente les ponctions indélicates; nouveau blocage temporaire de 3 mois, en espérant que cette fois-ci sera la bonne. C’est quand même quelque chose: un affamé qui pique pour 2€ de nouilles dans un commerce prend 2 mois de prison ferme, un “fournisseur de services” qui continue ses ponctions bancaires en sourdine…pas de problème. Tant que l’actionnaire est heureux, la vie est belle, n’est-ce pas?

Cela dit, les arnaqueurs grands et petits ne connaîtront jamais les plaisirs de l’indispensable solidarité, quand ceux qui le peuvent tendent la main, sachant qu’en retour, d’autres leur tendront la leur au besoin. Ça n’a vraiment pas de prix, contrairement à la pub pour une certaine carte de crédit.

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Donc, en plus du plaisir bien relatif de payer le propriétaire et les fournisseurs (autorisés) de services, je suis vraiment contente de pouvoir commander auprès de Kedistan le livre Les yeux grands ouverts, consacré à Zehra Doğan.

Si la solidarité fait chaud au coeur quand on tremble au sujet d’un découvert bancaire, qu’est-ce qu’elle devient indispensable quand on doit affronter l’injustice et la cruauté de  méchants qui n’ont rien de rigolo, ceux qui précipitent des vraies personnes dans des gouffres bien réels.

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Pendant ce temps, les OQTF continuent de tomber  et, comme la peste dans la fable de La Fontaine, “ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés”…y compris des jeunes dont le parcours d’intégration est si exemplaire qu’on ne pourrait leur demander davantage. Mais l’administrateur n’en a cure. Il lance son filet. Ceux qui ont suffisamment d’appuis parviendront peut-être à s’en tirer, les autres, non. Le quota d’expulsés, c’est la seule valeur indispensable aux yeux des gouvernants actuels.

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Et comme les livres me sont plus indispensables qu’un nouveau pantalon, j’ai aussi réservé à ma librairie locale une copie de Homage to Catalonia de George Orwell (que certains critiques accusent maintenant de ne pas avoir “bien compris” la guerre civile espagnole dans laquelle il s’est battu au sein du POUM).  Il y a des fois où on aimerait bien pouvoir se transporter, et les experts a posteriori aussi,
dans le vif du sujet…

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Indispensable

After a night and a day of experiencing cold sweats like the cartoon figure walking on beyond the cliff and awaiting the moment when gravity will take over: huge relief this morning. Despite the absence of a contract, the employer deposited the salary in my account and my daughter, far far away, is also throwing out a lifeline.  As a result, the landlord will get his due and so will the power supplier. However a certain mobile phone swindler will discover yet again that a contract termination signified by registered mail means the end of Free Service at the ex-customer’s “open bar”.   And no, I’m not about to pay 10€  so the banker can block the indelicate one from his greedy pickings; a new 3 month suspension, hoping this time will be the right one. It’s something though: a starving person who lifts two euros’ worth of noodles in a store gets a two month jail term, while a “service provider” who goes on lifting money on the sly…no problem. As long as the shareholder is happy, right?

This said, both great and small swindlers will never know the pleasures of indispensable solidarity when those who can, lend a hand, knowing that someone will reach out to them when they need it. This is truly priceless, which isn’t the case of the ad for a certain credit card.

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So, apart from the most relative pleasure of paying the landlord and the (authorized) service providers, I’m really happy I can order from Kedistan the book Les yeux grands ouverts (Eyes wide open) dedicated to  Zehra Doğan. 

If solidarity warms the heart when one is trembling over an overdraft, how indispensable it becomes when you must face the injustice and cruelty of evil ones who aren’t amusing in any way, the ones who push real people into real chasms.

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Meanwhile, the eviction orders (OQTF) keep on raining down and like the plague in La Fontaine’s fable “all didn’t die from it but all were struck down”… including young people whose path toward integration is so exemplary no one could possibly ask for more.  But the administrator doesn’t care. He throws out his net. Those with sufficient help may manage to escape, the others, not. The quota of expelled ones, that is the only thing indispensable in the eyes of the current leaders.

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And since books are more indispensable for  me than a new pair of pants, I’ve also ordered from my local bookstore a copy of George Orwell’s  Homage to Catalonia (that some critics now accuse of not having “fully understood” the Spanish Civil War in which he fought in the POUM). Sometimes, you wish you could transport yourself and the a posteriori experts back into the thick of things…

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