
Libertés chéries
Quand l’humain s’ennuie, il devient méchant. Et quitte à s’inventer une”raison d’Etat” qui ne répond même pas à la logique, il se crée des machines à broyer des humains…au nom du plus grand bien de l’humanité, évidemment.
Je revenais tout juste de chez le libraire où j’avais commandé le livre de François Sureau Pour la liberté* (recueil de trois de ses plaidoiries devant le Conseil constitutionnel) quand j’ai reçu le mail d’un membre du collectif Solidarité Migrants Graulhet m’avisant qu’un jeune migrant que nous accompagnons depuis des mois, convoqué ce matin au commissariat de police d’Albi au sujet de son OQTF, avait été placé en garde à vue.** Son avocat lui avait conseillé d’y aller puisqu’il y avait un recours.Il s’agit d’un jeune Guinéen qui vient juste d’avoir 18 ans, passionné d’écriture, qui poursuit des études avec les éloges bien mérités de ses professeurs et qui fait tout ce qu’il faut pour s’insérer dans la société française.
** Effectivement, Salim est au centre de rétention de Cornebarrieu et l’audience pourrait avoir lieu dès jeudi ou vendredi. Son avocat est alerté, le collectif et les sympathisants aussi.
Ni dangereux terroriste, donc, ni “fainéant”, ni criminel, bien au contraire.Mais voilà: l’État, c’est bien connu, n’a pas “d’état d’âme”. Et quitte à forcer la note pour en faire la démonstration…
Pour l’heure, je suis en attente d’autres nouvelles à son sujet.
Alors, dans cette attente, quelques pistes de réflexion concernant les libertés, tirés de l’entrevue qu’accordait François Sureau à Mediapart: ”
“S’est aujourd’hui substituée au droit, considéré dans son esprit et relativement à ses fins, une sorte de technocratie juridique, une technique visant simplement à rendre juridiquement possible l’action du gouvernement sans tenir compte des grands principes du droit.”
*
“Les grandes voix du passé portaient un projet collectif de liberté, et pas seulement un projet individuel. La société étant devenue globalement très individualiste, l’idée du projet collectif de liberté a disparu. Dès lors que les gens se sentent menacés par l’insécurité, tout ce qu’ils veulent, c’est une vie privée tranquille. Ils sont donc portés à accepter tous les dispositifs sécuritaires possibles, dès lors que ça ne les gêne pas dans leurs vies individuelles.”
*François Sureau, Pour la liberté- Répondre au terrorisme sans perdre la raison, Tallandier, 2017
*
Cherished Freedoms
When humans are bored, they become mean. Even if it means inventing a Reason of State that doesn’t even answer to logic, they create machinery to crush humans…in the name of humanity’s greater good, of course.
I had just come back from the bookstore where I ordered François Sureau’s Pour la liberté* (a collection of three of his appeals before the Constitutional Council) when I received an email from a member of the collective Solidarité Migrants Graulhet advising me that a young migrant we’ve been accompanying for months, summoned this morning to the police station in Albi concerning his eviction notice, was taken into custody.** His lawyer had advised him to respect the summons since his eviction was under appeal. He is a young man from Guinea who has just turned 18, passionate about writing, the subject of well-deserved praise from his teachers, and who does everything possible to become a member of French society.
** Salim has indeed been sent to the Cornebarrieu Retention Center. The hearing could intervene this Thursday or Fraidy. His lawyer is on the case. The collective and sympathizers, also.
Not a dangerous terrorist, therefore, nor a “lazybones” nor a criminal, quite the contrary. But there you have it: the State, as everyone knows, is not swayed by “moods”. And even if this means forcing the issue, as a demonstration…
For now, I can do nothing else than wait for further news about him.
So, in the meantime, a few things to think about on the topic of freedoms, taken from François Sureau’s interview at Mediapart (the original is in French):
“To the law considered in its spirit as pertains to its ends, has been substituted a kind of judicial technocracy, a technique aiming simply at making legally possible the government’s action, with no consideration to the great principles underlying the law.”
…
“The great voices of the past carried a collective project of freedom, not only an individual project. Society having become very individualistic globally, the idea of a collective project of freedom has disappeared. As soon as people feel threatened by insecurity all they want, is tranquility in their private life. They tend to accept all possible security measures, as long as they don’t bother them in their individual lives.”
Merde alors…
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