Rien de moins/No less

Rien de moins

Il faut le faire. Vraiment. Pas trop souvent (4,50€ la copie + la baisse de 5€ de l’APL, sur mon budget, ça donne à réfléchir avant l’achat). Mais voilà:  Le Point* avec sa page couverture, 20 pages de photos et de “grand entretien”, plus le sidérant éditorial de Franz-Olivier Giesbert qui débute ainsi: “Emmanuel Macron est notre dernière chance avant la catastrophe finale“. Rien de moins. Boudu…sauvé des eaux…**

Mais je ne vais pas perdre mon temps à commenter les galipettes de Mr Giesbert ni le vapotage du président de la République. Je dis bien ‘vapotage’, cet exercice qui consiste à faire comme si on produisait autre chose que de la vapeur donnant l’illusion de la fumée. Le “grand entretien” étant, par définition, l’équivalent d’un grand oral où le brillant candidat fait montre de toute sa maîtrise à…vapoter. Un peu de Lévinas par-ci, un brin de Valéry par là, éloge de la réussite, de l’héroïsme et “de ce nouvel humanisme que nous avons à inventer.” Ah bon. A mon avis, appliquer l’ancien modèle serait déjà pas mal.

Bref. Parmi les mails reçus ce matin: l’un en provenance de  Turquie. Des femmes appellant d’autres femmes à écrire aux quelque 8 000 prisonnières – militantes, femmes politiques, journalistes, auteures, avocates, enseignantes, fonctionnaires, sans parler des autres illustres inconnues – qui s’entassent dans les prisons d’Erdogan.

L’appel est en anglais. Je vais le traduire et l’ajouter ici et sur Facebook.  Ça me paraît plus utile que de commenter les vapotages du président et les galipettes de Giesbert.

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*Le Point, hebdomadaire d’information du jeudi 31 août 2017, Macron Le grand entretien  (sous-titre: “Nous devons renouer avec l’héroïsme politique“).

**Pour les plus jeunes ou les étrangers égarés sur le sol français: boudu est une vieille expression du sud, marquant l’étonnement. Boudu sauvé des eaux est le titre d’un film de Jean Renoir tourné en 1932 dans lequel un  libraire , bon bourgeois libéral, tente de “sauver” un clochard d’un suicide par noyade après la mort de son chien. Après moultes aventures, le clochard réussit à s’échapper… au fil de l’eau, justement.

Illustration: “Listening to the Birds”, John Dumont, New York 1892

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No less

It must be done. Really. Not too often (4,50€ per copy + a 5€ cut in rental aid, on my budget,  you think twice before purchasing). But there you have it: Le Point* with its cover page,  20 pages  of illustrated “major interview”, plus Franz-Olivier Giesbert’s staggering editorial which opens on these words:    “Emmanuel Macron is our last chance before the final catastrophy.” No less.  Boudu…sauvé des eaux…**

But I won’t waste my time commenting Monsieur Giesbert’s somersaults nor the President of the Republic’s vaping. Yes, I call ‘vaping’ this exercice which consists in pretending you’re producing something other than vapor mascarading as smoke. By definition, the “major interview” is the equivalent of the major oral exam where the brilliant candidate displays his maestria at …vaping. A bit of Levinas here, a touch of Valery over there, in praise of success, of heroism and “of this new humanism we must invent.” Oh. You ask me, applying the old version wouldn’t be so bad already.

Never mind. Among the emails this morning: one from Turkey. Women calling on other women to write to the close to 8 000 women prisoners – activists, politicians, journalists, authors, lawyers, teachers, civil servants, not to mention other illustrious unknowns – now crowded into Erdogan’s jails.

The appeal is in English. I’ll translate it in French, then  post it here and on Facebook. This strikes me as more useful than commenting the President’s vapings.

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*Le Point, French weekly newsmagazine, Thursday August 31st 2017 edition, titled Macron Le grand entretien (The major interview) and subtitled “Nous devons renouer avec l’héroïsme politique” (“We must reconnect with political heroism”)

** For the younger crowd or for strangers astray on French soil: Boudu is an old southern expression of surprise, and Boudu sauvé des eaux (Boudu saved from drowning) is the title of a 1932 film by Jean Renoir, in which a good bourgeois bookseller attempts to “save” a tramp who attempts suicide by drowning after the death of his dog. In the end, the tramp manages to escape… by floating down the river, in fact.

Illustration: “Listening to the Birds”, John Dumont, New York 1892

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