et vive la grammaire!/and hurray for grammar!

et vive la grammaire ! –

Donc, j’apprends en ce jour que le président de la République française, Monsieur Emmanuel Macron, entend nous apprendre “la grammaire”. La grammaire des flux migratoires, s’entend. Selon la grammaire du professeur Macron – reprise en droite ligne de ses prédécesseurs du soi-disant “vieux monde politique” – il y a les “bons” migrants. On les appelle des demandeurs d’asile. A la condition de parvenir à déposer leur demande d’asile dans les délais et d’obtenir la reconnaissance de leur statut, ils peuvent rester. Sinon, ils sont à refouler avec les autres, les “mauvais” migrants que nous appellerons les “économistes”.

Les “économistes” sont des hommes et des femmes qui risquent leur vie parce qu’ils n’ont pas compris que la réussite économique (par exemple, pouvoir se nourrir et nourrir sa famille tous les jours), c’est pour les diplômés de l’ENA, pas pour les gens dont les perspectives d’emploi ont été annihilés par des guerres et les déprédations diverses exercées sur les ressources dans leur pays d’origine. Ils doivent dégager de nos rives. Et vite.

Le professeur Macron exige aussi le règlement immédiat du problème des migrants sans-abri. “Dans la minute,” dit-il. Il faut donc comprendre que tout le monde se traîne les pieds à ce sujet et que c’est la raison pour laquelle les gendarmes de la république ont ordre de déplacer les sans-abri à coups de matraques et de gaz lacrymo, pour ensuite faire embarquer leurs effets dans des bennes à ordures. Sans parler du harcèlement, des arrestations et des procès de ceux qui leur fournissent un abri, ce qui devrait pourtant ne relever que du simple bon sens.

En même temps, comme dirait monsieur le président, hier (ou avant-hier), c’était  l’occasion des jolies photos de Madame Macron avec le chanteur Bono et du président avec la chanteuse Rihanna (fille-garçon,  garçon-fille, voyez si c’est pas mignon). Youpi,  et voilà le problème des flux migratoires: réglé! Ne reste plus qu’à apprendre “la grammaire” aux français et, d’un coup de baguette magique, les guerres cesseront et les économies mondiales refleuriront au profit de tous.

Ah, la grammaire du professeur Macron, quand même. C’est tout un progrès sur la vieille politique politicienne d’antan, non?

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Illustration: la botte secrète du professeur Macron, photographiée en cachette la semaine dernière à Pont-Aven. Monsieur Miam, le discret robot culinaire, dispensera des leçons de grammaire migratoire. Les français les plus méritants auront droit à des biscuits et à des galettes. Miam.

(Et les “économistes” refoulés de nos rives, demandez-vous? Bof, comme dit le président, il y a ceux qui réussissent et il y a ceux qui ne sont rien.)

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and hurray for grammar!

So, I learn today that the President of the French Republic, Monsieur Emmanuel Macron, intends to teach us “grammar”. The grammar of migration patterns, that is. According to Professor Macron’s grammar – directly borrowed from his predecessors from the so-called “old political world” – there are “good” migrants. They are called asylum seekers. If they manage to file their request for asylum within the prescribed delays and if they are granted asylum (two huge if’s), they can stay. If not, they are to be driven back with the others, the “bad” migrants we shall call the “economists”.

The “economists” are men and women who risk their lives because they have not understood that financial success (such as, for example, being able to feed one’s self and one’s family), exists for graduates of l’ENA, France’s national school for administrators, and not for people whose job perspectives were annihilated by wars and various spoliations of the resources in their country of origin. They must leave our shores. Pronto.

Professor Macron also demands an immediate solution to the problem of homeless migrants. “Within the minute,” he says. We must therefore understand that everyone has been dragging their feet and that this is why the République’s gendarmes are told to move around the homeless with truncheons and tear gas, to allow the loading-up of their belongings in garbage trucks. Not to mention the harassment, arrests and trials of those who do provide shelter for migrants as common sense should prescribe.

At the same time (as Monsieur le président would say), yesterday (or was it the day before), was photo op time, a day for pretty pictures of  Madame Macron with the singer Bono and of the Président with the singer Rihanna (girl-boy, boy-girl, see, isn’t that sweet?). Hurray, the problem of migrations: solved!  All that needs doing is to teach “grammar” to the French people and with one stroke of the magic wand, wars will cease and the world economies will flourish for the greater good of all.

Ah, Professor Macron’s grammar. Quite something. Real progress compared to the old-time politicking of old, no?    

Illustration: Professor Macron’s secret weapon, photographed on the sly in Pont-Aven last week.  Monsieur Miam, the discrete culinary robot, will provide migratory grammar lessons. The most deserving French people will be awarded cookies and pancakes. Miam. (What about the “economists” shoved away from our shores, you ask? Bof, as the President would say, there are those who succeed and there are those who are nothing.)

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