Un peu de ci, un peu de ça/A bit of this, a bit of that

Lu sur Facebook, au milieu d’un long commentaire sincère et passionné en faveur de l’abstention au vote du 7 mai, les mots suivants (en majuscule, comme ceci): “NON À TOUTES LES INJUSTICES SANS EXCEPTION !”

Pour une seule élection, c’est beaucoup demander.

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Sur l’échelle de l’idiocratie, on prête vraiment trop d’attention à l’idiot en poste à Washington et pas suffisamment à tous les autres qui ont plus ou moins réussi leur ascension vers les plus hautes sphères du pouvoir . Aussi, je me désole de ne pouvoir traduire l’insulte délivrée par Boris Johnson au chef du Parti Travailliste  britannique parce qu’elle a une fascinante incommunicabilité qu’on éprouve même en la lisant en anglais.(Si le nom de Boris Johnson ne vous dit rien, il est le ci-devant Secrétaire aux affaires étrangères au Royaume pas-si-uni-que-ça.  Auparavant, il menait la campagne pour le Brexit. Mais quand le résultat du vote a été connu, il s’est senti des faiblesses dans les rotules.)* Donc, en prévision de l’élection surprise en Grande-Bretagne (hé oui, les élections sont au goût du jour). Il a traité le leader du Parti Travailliste – et je cite – de “mutton-headed old mugwump“. Ça semble tiré de pages non publiées de Lewis Carroll.   On ne sait pas ce que ça veut dire, mais on sait que ça n’est pas dit en franche amitié et, en plus, ça sonne.

 

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Je ne garantis pas l’exactitude de l’anecdote. Elle était sur cette curieuse plateforme de tout, de rien et de n’importe quoi qui apparaît sur mon écran lorsque je quitte l’un de mes comptes mail. Selon cette ‘nouvelle’, l’aspirante à la présidence de la France, Madame Marine Le Pen, prenait l’air du large avec Monsieur Collard. Un dauphin serait passé sans s’arrêter pour lui présenter ses respects. Lorsqu’on a signalé le passage du mammifère marin à Madame, elle aurait dit: “Un dauphin? Faites-le revenir, hi-hi-hi.”

Je ne sais que dire.

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Découverte d’un Boulgakov que je n’avais pas lu encore: Endiablade.** Je me régale.

Je me régale aussi en relisant, à cinquante-cinq ans de distance, L’Idiot (pas du tout idiot, celui-là) de Dostoeïvski dans une traduction qui n’existait pas lorsque j’avais quinze ans, celle d’André Markowicz.*** C’est excellent d’un bout à l’autre mais comme je suis dans un menu de ci et de ça, juste ce petit passage délicieux au sujet du jeune Kolia et de la générale Epantchine: “Il eut, du reste, deux querelles sanglantes avec Lizaveta Prokofievna, lui déclara qu’elle était une despote, et que jamais il ne remettrait les pieds chez elle. La première fois, la querelle vint de la ‘question féminine’ ; la seconde, le problème était de savoir quel était le meilleur mois de l’année pour attraper les serins.”

C’est vrai que le meilleur mois pour la capture des serins sauvages fait partie des questions existentielles qu’on ne saurait trancher d’un simple oui ou non.

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Me reste à espérer que le correcteur automatique de WordPress ne décide pas de ré-écrire ce texte en mon nom, comme il a l’habitude de le faire.

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A bit of this, a bit of that

Read on Facebook, in the midpoint of a long, sincere and impassioned commentary supporting abstention from voting on May 7th, the following words (in caps, like this): “NO TO ALL INJUSTICES WITHOUT EXCEPTION!”

Which really is a lot to ask from one election.

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On the idiocracy scale, too much attention is being paid to the idiot in Washington and not enough to the others who have succeeded, more or less, in their climb to the highest spheres of power. Thus, I was upset that I couldn’t convey in French the insult delivered by Boris Johnson on the leader of the British Labour Party, because it has an incommunicability one registers even when reading it in English. (If you’re not familiar with the name Boris Johnson*, he is the incumbent Foreign Affairs Secretary for the not-so-United Kingdom. Prior to this appointment, he led the Brexit Campaign. Once the results were in, he experienced something of a wobble in the kneecaps). He called the Leader of the Labour Party – I quote – a “mutton-headed old mugwump”. It sounds as if it were drawn from Lewis Carroll’s unpublished papers. You can’t say what it means, but you know it’s not said in friendship and it does have a ring to it.
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I cannot guarantee the truth of this anecdote. It showed up on the curious platform of bits  of nothing and whatevers that fill my screen when I exit one of my email accounts. According to this “news nugget”, the aspiring presidential candidate, Madame Marine Le Pen, was out at sea, enjoying the  breeze with Monsieur Collard. A dolphin happened to swim by without stopping to pay its respects. When someone pointed out the passage of the marine mammal to Madame, she’s quoted as saying: “A dolphin? Tell him to come back, hee-hee-hee.”

I don’t know what to say.

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Discovered a Bulgakov  I hadn’t read yet called Endiablade in French.** A delight.

I’m also delighted with reading again, fifty-five years later, Dostoyevsky’s The Idiot (who was no such thing) in a French translation that didn’t exist when I was fifteen years old, that of André Markowicz.*** Excellent from one end to another but since today’s menu consists of bits of this and that, I’m savoring the small excerpt where young Kolya and General Epantchin’s wife have two bloody fall-outs – the first over the “feminine issue” and the second on which was the best month for catching canaries.

True enough, there are existential questions such as the proper month for capturing wild canaries one cannot settle with a plain yes or no.

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Nothing to add, except for the hope the automatic corrector on WordPress won’t decide to rewrite the post on my behalf, as it does on a regular basis.

* Monsieur Johnson, c’est le monsieur qu’on voit coiffé d’une curieuse serpillère blonde – un peu comme s’il imitait l’idiot de la Maison Blanche avant qu’il ne passe chez le coiffeur. Avec tout ce qui se passe, le blond, ça décoiffe, en ce moment./* Mister Johnson is the man we see wearing a blonde mop on his head – as if impersonating  the idiot in the White House before he sees the hairdresser. With so much going on, blondes are a bit hair-blown these days.

**Mikhaïl Boulgakov Endiablade traduit du russe par Françoise Flamant, Folio 2€, éditions Gallimard 1997 pour la traduction française

*** Fédor Dostoïevki L’Idiot, roman traduit du russe par André Markowicz, Babel Actes Sud 1993 pour la traduction et la présentation

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