I’ve been something of a news junkie since nineteen fifty-two. I was six years old at the time. The Americans were fighting in Korea at the time and the old (and demented) nun who taught us informed us that, every time we fidgeted in class, a Communist soldier killed an American. I asked what a Communist was and the nun answered: “Russians.”
None of this made sense but when I laid me down to sleep and prayed the Lord my soul to keep, I felt duty-bound to pass along the word to Russian children out there. I’m doing my best to keep quiet in class, I informed Ivan, Natasha and cohort. Would you mind passing the word to your buddies at your end, so we could stop this killing in Korea?
My fascination with the news went through an exponential growth spurt in nineteen fifty-six when a boy of about my age made the headlines during the Hungarian uprising. His life looked a lot more exciting than mine and, yes, I became even more addicted to the news. Still am.
But fiction is something else. Another kind of addiction that doesn’t follow the same paths or the same rules. News is about facts (obviously I don’t mean the fake kind). As complete, as precise, as detailed and corroborated as possible. Fiction begins when the facts don’t add up. A shattered window on a storefront, for example. No information available on the who what when how and why. You take in the view. The day’s unanswered questions intrude: what will happen to the eight-year-old with a fascination for elevated window ledges? For instance. What will happen to the girl who eats her own mouth and whose mother cannot bring herself to say “I love you”?
At a group meeting this morning where we searched for ways forward in impossible (but real) life situations , I gave up on taking notes and drew instead – a colorful border around the page, a detailed pattern across the top.
The power of fiction: unearthing hidden truths. Or unexplored tunnels up to the light.
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Je suis accro aux infos depuis mil neuf-cent cinquante-deux. J’avais six ans à l’époque. Les Américains combattaient en Corée et la vieille religieuse foubraque qui nous enseignait nous disait qu’à chaque fois que nous étions agitées en classe, un soldat communiste tuait un Américain. J’avais demandé ce qu’était un communiste et la vieille soeur avait répondu: ” Des Russes”.
Tout ça était insensé mais , le soir, après avoir recommandé mon âme à Dieu, il me semblait de mon devoir de passer le mot aux enfants russes au loin. J’informais Ivan, Natacha et leurs amis que je faisais de mon mieux pour me tenir à carreau en classe. Alors, s’il-vous-plaît, pourriez-vous passer le mot à vos copains qu’ils en fassent autant pour que nous mettions fin à ces tueries en Corée?
Ma fascination pour les infos connut une croissance exponentielle en mil neuf-cent cinquante-six lorsqu’un garçon d’à peu près mon âge fit les manchettes pendant le soulèvement hongrois. Sa vie semblait pas mal plus excitante que la mienne et, oui, je devins encore plus totalement accros aux infos. Je le suis toujours.
Mais la fiction, c’est autre chose. Une autre forme d’addiction qui ne suit pas les mêmes chemins ni les mêmes règles. Les infos s’intéressent aux faits (évidemment, je ne parle pas des “fake news”). Des faits aussi complets, aussi précis, aussi détaillés et confirmés que possible. La fiction commence lorsque les faits n’arrivent pas à reconstituer la réalité. Une vitrine fracassée, par exemple.Aucune information disponible concernant le qui, que, quoi, dont et pourquoi. Vous observez. Les questions sans réponse de la journée font irruption: qu’adviendra-t-il du gamin de huit ans et de sa fascination pour les rebords de fenêtre en hauteur? Par exemple. Qu’adviendra-t-il de la fillette qui dévore sa propre bouche et dont la mère ne peut se résoudre à dire “je t’aime”?
À la réunion d’équipe, ce matin, pendant que nous cherchions des moyens d’avancer dans des situations de vie impossibles (mais réelles), j’ai abandonné la prise de notes et j’ai dessiné – une bordure colorée entourant la page et une dessin détaillé en bandeau.
La pouvoir de la fiction: dégager des vérités cachées. Ou des tunnels inattendus vers la lumière.