“Behold! I am a twenty-two-carat Ottoman Sultani gold coin and I bear the glorious insignia of His Excellency Our Sultan, Refuge of the World.”
These words open the chapter I am a gold coin in Nobel Prize winner Orhan Pamuk’s My Name is Red.* As the chapter unfolds, the reader learns that said gold coin is nothing of the kind. It’s a counterfeit passing off as the real article. Somewhat like some current leaders. I don’t intend to list them all – life is short and I can think of more pleasant ways to spend the evening. I’ll stick to Turkey for the time being where, on February 13th, the newspaper Cumhüriyet chose not to publish an interview by Orhan Pamuk because he expressed criticism of the Sultan’s – sorry, of Erdogan’s – upcoming counterfeit referendum on a reformed Turkish constitution. Given renowned Turkish constitutionalists lose their jobs for criticizing the reforms – which amount to handing over full powers to Erdogan – and Opposition members, journalists, or anyone else with a mind to speaking out for the “No” find themselves arrested, jailed and/or beaten up and/or tortured, there’s nothing special about censoring the words of a Nobel Prize winner, is there? Considering opposition to Erdogan = terrorism, describing the referendum as counterfeit is small apples indeed.
But, if you ask me, even tiny worms in small apples had best think twice about piping up and saying: “The Sultan has no clothes!”
Except, there you have it: Whether from a Nobel Prize winner or from Mr or Mrs Anyone, their words are meant for saying, and sharing. Especially words would-be sultans try to silence.
*Orhan Pamuk My Name is Red, translated by Erdag M. Göknar, Vintage International 2002
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Je suis une pièce d’or
Voici! Je suis une pièce d’or Sultani ottomane de vingt-deux carats et je porte la glorieuse insigne de son Excellence notre Sultan, Refuge du monde.”
Ces mots ouvrent le chapitre Je suis une pièce d’or dans le roman Mon nom est Rouge** d’Orhan Pamuk, lauréat turc du Prix Nobel de litérature. Dans la progression du chapitre, le lecteur apprend que la pièce d’or en question n’est rien de tel. C’est une fausse pièce qui se fait passer pour une vraie. Un peu comme certains des dirigeants actuels. Je n’ai pas l’intention d’en dresser la liste – la vie est courte et je peux penser à des occupations plus agréables pour ma soirée. Pour l’heure, je vais m’en tenir à la Turquie où, le 13 février, le journal Cumhüriyet a choisi de ne pas publier une interview d’Orhan Pamuk parce qu’il y exprimait des critiques à l’endroit du Sultan – pardon, à l’endroit d’Erdogan – concernant l’imminent référendum sur la réforme de la constitution turque – qui aurait pour effet de remettre les pleins pouvoirs à Erdogan. Considérant que des constitutionnalistes turcs de renom sont démis de leurs postes, que des membres de l’opposition, des journalistes, et tout autre personne souhaitant s’exprimer en faveur du “non” se voient arrêtés, emprisonnés et/ou tabassés et/ou torturés, il n’y a rien de spécial à censurer les mots d’un Prix Nobel, n’est-ce pas? Considérant que “opposition à Erdogan = terrorisme”, décrire ce référendum comme était une pièce de fausse monnaie, c’est vraiment des queues de cerises. Mais si vous voulez mon avis, même le plus petit vermisseau dans la plus petite des cerises a intérêt à y penser à deux fois avant de dire: “Le Sultan est nu !”
Sauf que, voilà: Prix Nobel ou Monsieur/Madame tout-le-monde, leurs mots sont faits pour être dits et partagés. Surtout les mots qu’un aspirant-sultan cherche à étouffer.
**Orhan Pamuk, Mon nom est Rouge, traduit du turc par Gilles Authier, collection Folio, Gallimard, 2003