Puisqu’une de mes connaissances dans un texte, ma foi, légèrement…emporté ?… vient de m’attribuer un “complexe de sainteté” entre autres traits distinctifs, je crois qu’un passage du Gargantua de ce bon François Rabelais *s’impose. Rabelais, vous savez? Celui qui disait “mieux est de ris que de larmes écrire – Pour que le rire est le propre de l’homme”.
Donc, ma toute récente promotion au statut d’aspirante à la sainteté me fait choisir de passer une petite quinzaine chez les religieux et religieuses de Thélème. Pour ceux et celles qui n’ont pas le bonheur de connaître le mode de vie des Thélémites, j’en cite ici un court extrait tiré du chapitre qui s’intitule justement Comment festoient reiglez les Thelemites à leur manière de vivre Chapitre LVII (Ou: Comment était réglé le mode de vie des Thélémites Chapitre 57):
Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur libre arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Et toute leur règle tenait en cette clause :
FAIS CE QUE VOUDRAS.
Parce que les gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un aiguillon qu’ils appellent honneur et qui les pousse toujours à agir vertueusement et les éloigne du vice. Quand une vile et contraignante sujétion les abaisse et les asservit, pour déposer et briser le joug de servitude ils détournent ce noble sentiment qui les inclinait librement vers la vertu, car c’est toujours ce qui est défendu que nous entreprenons, et c’est ce qu’on nous refuse que nous convoitons…”
Et ainsi de suite. (Evidemment, il y a des passages autrement plus lestes et enlevés dans le Gargantua, mais vu mon statut d’aspirante à la sainteté, je me garderai de les évoquer ici.)
Eh oui. Mieux est de rires que de larmes écrire. Même les présumées aspirantes à la sainteté ne demande pas mieux que de bien rigoler quand les propos deviennent par trop “hénaurmes“.
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François Rabelais, Gargantua, texte original et translation en français moderne, éditions du Seuil, collection Points 1996