Entre les courses et le reste du quotidien

“Oui, l’ouragan allait bientôt venir;

Mais cela valait-il la peine que l’on en parlât et qu’on dérangeât l’avenir?

Là où nous sommes, il n’y a pas de crainte urgente.” René Char, Les inventeurs

Je sais. Le quotidien, les soucis importants, les soucis petits, les distractions, tout ça, fou ça.  Je parie qu’il en était de même en 1936 aussi. Je parie qu’il en est toujours ainsi.

Lisez quand même l’excellent article dans Kedistan. Trop pressé? Ces deux extraits, alors:

“Je demande juste un instant à celles et ceux qui là crient que j’exagère, de regarder quelques films du Berlin des années 1930, d’abord en images noir et blanches, sinistres, puis en version couleur, ou re-colorisées. Le Berlin de 1936 se dévoile soudain comme une splendeur digne de dépliants touristiques… Et vous accepterez alors l’idée que lors des jeux olympiques de l’époque, il y eut tant de touristes insouciants…

Que nous dit Aslı Erdoğan, chaque fois qu’elle peut faire passer une lettre ? Le même message que certains athlètes tentèrent de faire passer en 1936, et qui d’ailleurs avait entraîné un boycott par certains pays.”

Le procès d’Asli Erdogan, de Necmiye Alpay et des autres reprend aujourd’hui à 10h. Au moment où vous lirez ces lignes, les sentences auront peut-être été prononcées…ou levées. Vous avez le choix d’ignorer, de faire comme si tout ça ne vous concernait en rien. Bof, avec tout ce qui se passe de nos jours, et cetera… Là où vous êtes, la crainte n’est pas urgente, peut-être. Et bien, justement:

Signer. Partager.Ça n’a rien de sorcier – quand on a encore la liberté de dire et d’agir.

Si ça n’est pas pour Asli et les autres, faites-le au moins pour vous et ceux que vous aimez. Et qui aiment bien, comme vous, marcher libres dans les rues, et causer et raconter, partager leurs histoires et leurs coups de coeur. Vivre, quoi.

Ce message d’Asli Erdogan, en date du 27.12.16:

« Le 29 décembre aura lieu la première audience de notre procès. C’est la première fois de ma vie que je vais comparaître devant un tribunal et je risque d’être condamnée à une peine de perpétuité aggravée, juste pour avoir écrit quatre mots ! Je garde l’espoir, si ténu soit cet espoir, que le non-droit qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui puisse prendre fin, mais comme tout le monde le sait, c’est un procès de processus politique, un rituel d’immolation de sorcières sur le bûcher… Et pourtant, on ne vit pas sans espoir !
Toutes mes salutations, mon affection et mes remerciements renouvelés à tous ceux et celles qui ont été solidaires et nous ont apporté leur soutien. Si un jour nous réussissons à sortir de ce trou, ce sera GRÂCE À VOUS.
Amitiés
Aslı Erdoğan, 27.12.2016, prison de Bakırköy »

15h: LIBÉRATIONS PROVISOIRES

Leave a comment