Il m’arrive souvent de lire plusieurs livres en parallèle. Ces derniers temps, c’était l’oeuvre magistrale de Svetlana Alexievitch La Fin de l’homme rouge*, plus Le bâtiment de pierre et Les oiseaux de bois d’Asli Erdogan***, the antelope wife*** de l’Américaine Louise Erdrich (disponible en français sous le titre L’épouse antilope) – avec, toujours, à portée de main, de la poésie ou des comptines absurdes quand il me faut échapper à la tyrannie du narratif (Lewis Carroll, anyone?).
Le prochain titre sur la pile de lecture: Le joueur de Dostoïevski dans la traduction d’André Markowicz**** et quelque chose en anglais ( mais le choix n’est pas fixé encore.)
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Pendant ce temps, les weekends – c’est-à-dire, entre marché, lessive, puis séances de lecture, d’écriture et de révisions – les problèmes récurrents d’hébergement des uns et des autres. Ah, ça fait chaud au coeur d’entendre les aspirants à la présidence nous raconter comment ils vont remballer tous les problèmes de notre société grâce au dépoussiérage de “tout ça”- finies,ces histoires de manifs, de négociations, de chipotage sur les heures de travail et autres foutaises qui empêchent l’économie de tourner à plein régime… Oui, oui, rejoignons les petits Chinois qui dorment sur des cartons à côté de leurs piles de jouets, à terminer en temps pour des Noëls toxiques, mais étincelants (ou étincelants, mais toxiques, c’est au choix).
Bon. Dehors, le vent d’autan souffle bien, un autre dimanche s’achève.
Tiens. Les aspirants à la présidence: vous ne lirez certainement pas ces quelques lignes d’Asli Erdogan. Dommage et tant pis pour vous: “Un type qu’on appelait Lénine V m’a fait passer des livres, mais avant même que j’aie fini de lire l’introduction, un gardien m’a prise sur le fait. Tout ce que j’ai eu le temps d’apprendre, c’est que le travail est sacré. J’imagine que mon père, qui se tapait deux relèves par jour, et ses employeurs étaient parfaitement au courant. (L’attendrissement, la chasse à la misère, l’exploitation du sentiment…J’adore ça.)”
(C’est dans Les oiseaux de bois).
Allez. C’est qu’on ne s’ennuie pas ici, même les dimanches.
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*Svetlana Alexievitch La Fin de l’homme rouge, Babel, Actes Sud, 2013
**Asli Erdogan, Le bâtiment de pierre, traduit du turc par Jean Descat, Actes Sud 2013 et Les oiseaux de bois traduit du turc par Jean Descat, Actes Sud 2009
***Louise Erdrich, the antelope wife,Flamingo, HarperCollins, London 2002
****Dostoïevski, Le Joueur, traduit par André Markowicz, Babel, Actes Sud, 1991