Et j’en passe, et des meilleures

Ce matin, il est venu à la répétition de la chorale. Au départ, il nous a observés avec des yeux intimidés. Assez rapidement, le regard est devenu incrédule (une chorale dont les exercices d’échauffement de la voix inclut un massage de la voute plantaire avec des vieilles balles de tennis? Ne faisait pas partie de son répertoire d’expériences.) Puis, il a rigolé. Il a chanté avec nous (et corrigé notre accent sur un chant en bambara.) On a enchaîné avec un spiritual (pour consoler l’Amérique aussi, un peu quand même. In God We Trust, c’est bien gentil, mais de là à nominer Trump comme son commandant en second…)

Comment les choses vont s’enquiller pour lui à compter de la semaine prochaine: c’est la question à multiples têtes, têtes qu’il faudra interroger, les unes après les autres.

Pour l’heure, je confirme quelques évidences: un visage rongé par l’anxiété paraît beaucoup plus âgé qu’un visage qui se détend un peu. Et une psychologue qui prétend qu’il ne faut pas tisser des liens affectifs avec des gens “qui n’ont pas vocation de s’installer” appartient  à une bien curieuse école de pensée. L’affect, n’est-ce pas. L’horrible affect dont il faut se prémunir à tout prix. La rigueur. Le détachement. La distance essentielle à la prise de décisions éclairées.

Après le spiritual, on a tenté un nouvel arrangement du Shosholoza sud-africain. Là, il n’y a personne pour corriger nos accents. On vogue dans le yaourt musical le plus intégral, mais l’effet d’ensemble est assez réussi.

Suivi d’un Chant de la paix, pour la route. Et du Cajuina de Caétano Véloso, comme poire pour la soif.

Et vogue la galère? Oui. Pour le meilleur et le franchement pas rigolo du tout? Oui. Avec affect, ne vous en déplaise, madame la psy, même les affects qui font mal quand on doit rompre les amarres. Sinon, je ne vois pas très bien à quoi ça sert de se prétendre intelligent quand on n’est même pas foutu de respecter comment fonctionne un être humain.

(Le bateau en illustration est tiré du spectacle Tout Seul du Théâtre du Rugissant. Spectacle lui-même inspiré de la bande dessinée du même nom par Christophe Chabouté, éditée par Vents d’Ouest).

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