Une fois n’est pas coutume

Si, dans ma vie, des journées comme celle-ci était la norme, je ressentirais peut-être le besoin de films à haute teneur d’effets spéciaux et de paniques programmées, question d’activer la production d’adrénaline. Mais j’en doute.

La fin de mon implication dans l’un des épisodes malheureux de la vie d’un couple intoxiqué à la hargne et à la rancune. Un soleil d’automne sans agressivité. Des courses de la vie courante à un rythme tranquille. Un téléphone silencieux, sans besoin de l’éteindre. Visite à la librairie. Passage à la Maison de la presse où un copain dédicace sa bd. Double espresso au Thé tranquille. Lecture. Promenade au soleil. Au retour, la clé qui tourne dans la serrure, sans hâte et sans anxiété. Toutes ces petites choses qui n’ont pas de prix.

Lecture? Des Écrits de la maison des rats de Lao She, petit recueil de textes qu’il a écrits entre 1934 et 1959. J’ouvre au hasard pour les besoins de cette petite chronique du quotidien et je tombe sur ceci: “Ce que j’appelle une ‘véritable’ occupation, par exemple écrire une lettre d’amour, ensemencer son jardin, découvrir la comète à neuf queues ou écrire un poème sous l’emprise de l’inspiration, bien qu’elle puisse faire perdre le sommeil et oublier de manger, ne fait pas souffrir. C’est cela le vrai travail, le seul qui puisse engendrer de grandes choses et une brillante culture. Accaparé par cette activité, l’homme oublie qu’il se trouve face à un travail. Il pense travail. Il rêve travail. Il oublie l’argent. Son esprit est entièrement occupé et purifié par le travail. Plus ses membres s’agitent, plus il trouve la sérénité. En peu de temps, il devient un sage. Une lettre d’amour peut souvent devenir une oeuvre littéraire.”*

Et une oeuvre littéraire, une lettre d’amour.

*Lao She dans Écrits de la maison des rats, traduit du chinois par Claude PayenPicquier poche, Éditions Philippe Picquier,  Arles, 2016 pour l’édition de poche.

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