“Automne. 19. Le jardin des chats obstinés”*

Un froid qui pique fort, ce matin, et le moral toujours en berne. Là où loge la famille, il n’y a aucun chauffage. Je parle aux uns, je parle aux autres. Ah, pour comprendre la tristesse de tout ça, nous sommes nombreux. Mais pour ce qui est de solutions…

Sur le vide-grenier d’Orban, tout le monde tape du pied et se frictionne les mains. Pensez, trois petits degrés au réveil, me dit l’un. On supporte bien le manteau, me dit l’autre.

À l’étal d’un bouquiniste, quatre livres me retiennent puis repartent avec moi. Un opuscule de Nina Berberova, Disparition de la bibliothèque Tourgueniev, suivi du catalogue Actes Sud des nouveautés de l’automne 1990. Le texte, très beau, n’a rien de réjouissant: un coup de téléphone aurait peut-être suffit pour sauver la bibliothèque démantelée par l’occupant nazi à Paris, raconte Berberova. Mais des livres, pensez-vous – quel vain souci d’immigrés petits-bourgeois.

Quatre histoires congolaises illustrées et publiées à Anvers en 1945. Marcovaldo d’Italo Calvino. Un livre illustré de l’Ecole des loisirs, Le cheval magique de Han Gan par Chen Jiang Hong.

C’est un dimanche avec l’hématome au coeur. Pour les familles à reloger, pour les rendez-vous ratés, pour mes personnages et pour le sentiment d’échec à repousser, encore et encore et encore.

* Tête de chapitre dans le Marcovaldo d’Italo Calvino. (Et vive l’obstination.)

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