le loup, le loup, ouh-la-la, ouh-lala…

L’inconfort. L’incertitude. La peur. La crainte des ragots, de la rumeur assassine.

La peur, toute bête.

Une femme me parle. Au spectacle l’autre soir, me dit-elle, quand le comédien nous a demandé de nous lever et d’applaudir l’entrée du tyran, puis de nous arrêter à son signal, j’ai voulu rester assise. Mais je me suis levée comme tout le monde et j’ai applaudi. Mais je me suis rassise avant le signal parce que je me suis dit: “Mais, la dictature, c’est ça! L’ordre est donné, tout le monde le suit, je le suis aussi. Et j’ai eu peur.”

Je me demande combien d’autres personnes dans la salle ont compris le sens de ce moment dans le spectacle Ivan le Terrible du Théâtre du Rugissant.

Inconfort. Incertitude. Pouvoir du ragot.

Un homme me parle. Me dit que tout, tout, tout est bloqué pour le couple que je cherche à héberger. À cause de leur réputation, me dit-il, quelqu’un lui a décrit le mari comme étant “un autre Mesrine”. Pas question de les aider, ceux-là. L’homme qui lui dit cela n’a jamais rencontré “l’autre Mesrine” de sa vie. Mais “on” lui a dit: celui-là, dangereux, ouh-lala, et cetera, et cetera.

Un autre sale étranger, qu’est-ce qu’on a raison de se méfier, ouh-lala. Il paraîtrait même… La rumeur, folle d’elle-même et de son succès,  gonfle, enfle, se répand à travers la ville et le canton.

“celui-là” – c’est le loup des quart’pattes, ouh-lala, ouh-lala…

(illustration: scène tirée du spectacle Ivan le Terrible du Théâtre du Rugissant).

Leave a comment