Triage

Adultes? Mineurs? Malades? Bien-portants?  Déjà à la rue ou encore plus ou moins hébergés? Avec ou sans avocat? Besoin d’interprète? Quelle langue? Situation urgente, urgentissime ou au-delà? Situation à référer à quelqu’un d’autre pour un traitement dans la durée?

et ainsi de suite.

Pour l’heure: nuitées assurées pour les uns, recherche active en cours pour d’autres. Des enfants à voir cet après-midi pour les tracas plus quotidiens et tout aussi vitaux – s’exprimer, se comprendre, se faire comprendre par les autres.

Tombe alors dans l’escarcelle, en consultant Facebook, ce poème de Nikolaï Zabolotski, traduit par André Markowicz. Et, ma foi, on reprend la route, après avoir trouvé une autre nuitée, un autre relais, une autre piste à explorer …

“Qui me répond dans ce bois sans chemin ?…”

Qui me répond dans ce bois sans chemin ?

Est-ce le chêne qui parle au sapin,
Est-ce le hêtre qui grince et frissonne,
Ou, de nouveau, le pic-vert qui résonne
Ou la fauvette, petit compagnon,
Qui, au couchant, brusquement, me répond ?

Qui me répond dans ce bois sans chemin ?

Toi, qui, peut-être, repenses soudain

À nos années de misère et de peines,

À nos soucis, à nos peurs, à nos haines,

À nos errances si loin de chez nous, —

Toi où mon âme a brûlé tout à coup ?

Qui me répond dans ce bois sans chemin ?

Heure après heure, du soir au matin,

Sonne l’écho, comme un souffle timide,

De cet amour infini qui me guide,

D’où mes poèmes, tremblants, oppressés,

Hors de mes paumes volaient t’enlacer…

Nikolaï Zabolotski, 1957

traduit par André Markowicz

 

 

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