Au marché ce matin, une femme propose des jeans “Made in England” à 4 € la paire (3 paires pour 10 €). Une femme les inspecte, les retourne, vérifie les coutures. “Mouais,” dit-elle.”Au moins, c’est pas du made in China.”
Et je pense à Ahmed. Vendu par son oncle du Bangladesh pour aller trimer à Londres. Manque de pot (pour l’oncle): le passeur largue sa marchandise en France. Ladite marchandise de quinze ans d’âge (mais qui en paraît douze) se retrouve en maison d’accueil dans le Tarn, convaincu qu’il est en prison et que les Anglais locaux parlent un drôle de charabia. Avec son petit bagage d’anglais, nous communiquons lui et moi. Quand il comprend l’essentiel, il insiste: France, I want France, dit-il, pas question d’aller trimer à Londres pour rembourser ses frais de voyage + intérêts à la crédit revolving à l’oncle en question.
Made in England – 4 € la paire (3 paires pour 10 €). Ahmed a fait son CAP – agent de restauration. La dernière fois que je l’ai croisé, il choisissait un film à la médiathèque. Il bossait dans un kébab et il s’occupait de sa pomme en très bon français, thank you very much.
C’était mon grain de sel du jour concernant l’horrible débat concernant les “bons” réfugiés politiques et les “méchants” migrants” dits ” économiques” – les uns comme les autres étant mesurés à la même aune du mépris.
(Photo prise au Musée du textile de Labastide-Rouairoux).