Le titre résume la bonne nouvelle du jour. Reste à faire ce qu’il reste à faire et là, le corps rechigne.
Au réveil, je tombe sur un titre dans Médiapart: Etats-Unis: vivre la campagne électorale en étant immigré latino sans papiers. Je n’ai pas trop le temps de m’y attarder because je suis plutôt à vivre le quotidien des “entre-papiers” en France. Ça n’a rien de reposant.
Les “entre-papiers” ont des avocats qui exercent des recours en leur faveur. Ce qui ne les empêchent pas d’être sans ressources, sans toit, sans droit au travail et de se heurter à des réactions xénophobes et des incompréhensions sans nombre. “Avec tous les problèmes qu’ont les Français,” me disent bien des Français,” si vous pensez qu’on a le temps de s’occuper des autres! Qu’ils restent chez eux, marre de les voir partout,” et cetera…
Hier, fenêtre de voiture ouverte, bloquée (comme tant d’autres) sur l’une des voies d’accès à Toulouse, la femme dans la voiture parallèle à la mienne jette un mégot rageur qui me manque de peu. “Mais, Madame, faites un peu attention,” lui dis-je. Ce qui me vaut un regard plus rageur encore. Je me suis mise à chanter. En russe. (Tant qu’à l’énerver, autant y aller pour la totale.) Je lui aurais chanter Le chant de la paix, mais en solo, je n’arrive pas à faire toutes les voix. Dommage.
Puis j’ai écouté mon chauffeur me raconter les folles années quatre-vingt-dix en Arménie: les rations de pain, la viande introuvable sauf au marché noir et comment, du haut de ses treize ans, il faisait le porte-faix sur le marché de Erevan. Le goût délicieux des pommes de terre chapardées et cuites sous les braises. Puis, le téléphone déconne, la liste des choses à faire reprend sa ritournelle dans ma tête.
Au retour, munis d’une liste “A faire” tout à fait à jour, nous partageons le repas. L’une des petites, trop épuisée, vomit tout. La grand-mère souffre et ne veut pas manger. Une cigarette elle veut, rien d’autre. J’ai une folle envie d’une bonne bière froide mais, comme je n’ai plus vraiment le droit d’en boire, je l’offre au père pour qu’il la boive à ma santé.
Pour l’heure, je m’attarde devant le clavier à écouter le chant des petits oiseaux dans la campagne.
Allez. Davaï.