Comme un lion en cage, et tout dans l’urgence: l’insomnie et la souffrance de sa mère, l’abcès dentaire de sa femme, les papiers, l’angoisse du lendemain. J’ai beau dire: on règle une chose, puis une autre, sa tête va trop vite. Alors, je dis: tu aimes la confiture? Alors, vas cueillir les prunes. Ça l’occupe avec la plus grande pendant que je gère les appels téléphoniques et les prises de rendez-vous.
Le médecin, d’abord, et les équations impossibles à résoudre: douleurs du corps et de l’âme conjugués, où trouver le soulagement?
Demain, rendez-vous chez l’avocat. Dans cette autre série d’équations impossibles, où se trouve la porte de sortie – non pas la belle, l’idéale, celle rêvée au moment du départ dans l’urgence et la bousculade. Celle du possible quand le passé pèse de tout son poids sur le présent.
Entre jeux avec les enfants, visites médicales, imbroglios à la pharmacie, l’écriture fait figure de parent pauvre. Touiller une bassine de confiture, c’est une façon de calmer la tête et de ré-entendre les voix des personnages. Dans ma pile de lecture en ce moment, je privilégie La clef à molette de Primo Levi pour son côté décalé. Et Boris Cyrulnik, comme d’hab. Cette fois, Les Vilains Petits Canards. Parce que le plus important n’est pas ce qui nous arrive, mais comment on se le raconte.
Ce qu’on fait avec, en somme. Y trouver de l’humour, c’est parfois très, très exigeant. Mais bon, on ne rit pas toujours parce que c’est drôle, mais plutôt pour que ça le devienne.
*Le titre, on l’aura compris, est tiré de Boris Cyrulnik, Les Vilains Petits Canards, Odile Jacob Poches, 2001.