“On a trouvé les crocodriles, les crocodriles de la Louisiane.”

C’est un petit film de JP Bruneau que j’adore. On le trouve sur Vimeo (ou sur ma page Facebook). Il s’intitule Dedans le Sud de la Louisiane. Il est rempli de la saveur cajun – mot dérivé du  mot Acadien, terme par lequel on désignait les habitants d’origine française exilés de leurs terres en Canada lors de la conquête britannique. Ils ont erré le long des côtes de l’Atlantique jusqu’à pénétrer dans les terres du Sud et de trouver la Louisiane qui était encore une possession de la couronne de France, à l’époque.

La saveur des mots français qui ont voyagé, ont été transbahutés, chahutés, poinçonnés, pliés, recombinés. L’autre jour, en atelier d’écriture, un jeune Malien qui invente une histoire dans laquelle, marchant un jour sur “le goudron”, un chauffeur lui tue son mouton adoré. Le chauffeur ne veut pas payer?  “D’accord, je vais te plainter. Je l’ai porté plainté,” dit le personnage.

Et hop-là, me revoilà transportée en pleine campagne québécoise où un vieux voisin après la traite de ses vaches et mon achat de lait frais (illégal, ça, ouh-ouh,  pas pasteurisé!), m’invitait à un “bout de jasette” par  un “débarquez, posez vot’ gréement sur mon Turquie qu’on s’raconte des peurs”. Traduction: Arrivez, posez vos affaires sur mon tapis (en fait, un bout miteux de carpette devant sa porte), qu’on se raconte des histoires.

Samedi soir pour célébrer la retraite d’un ami, nous nous sommes retrouvés à beaucoup chez lui avec Sylviane Blanquart, son orgue de barbarie et ses chansons. Les chansonnettes, de Padam, Padam à l’Amant de St-Jean, en passant par Le tourbillon de la vie. Les révolutionnaires aussi, dont la très belle Sans la nommer de Georges Moustaki que d’aucuns d’entre nous chantions alors le poing levé.

En rêve cette nuit, la jeune femme que j’étais à cette époque est arrivée dans mon dos et d’un voix déçue m’a dit: “Bourgeoise, maintenant? Dommage.” Au réveil, j’ai eu envie de lui dire: ni bourgeoise ni autre chose. Plus simplement,  pour la seule révolution permanente dont je sois adepte: celle des petites habitudes de pensée et de vie qui nous sclérosent.

Leave a comment