Les mots sont de Patrick Boucheron dans L’entretemps. Il les applique à la tâche de l’historien, mais ils sont valables pour tout lecteur … et écrivain aussi :
“Il suffit de rappeler qu’au-delà même des exigences de l’école, la tâche de l’historien ne consiste pas à se faire le pourvoyeur d’idées générales pour la société du spectacle, mais bien à s’adonner à l’ordinaire de son métier : lire, lire lentement, ne pas partir en grandes envolées mais au contraire, ralentir l’allure pour laisser faire l’étrangeté des mots, les laisser installer leur bizarrerie, faire entendre leurs stridences, apprendre à ne pas d’emblée les identifier et les reconnaître pour les neutraliser dans une fausse familiarité, mais au contraire leur rendre l’éclat poétique et la force politique de leur nouveauté.”
Patrick Boucheron, L’entretemps, éditions Verdier 2012
Photo d’illustration: détail d’une amphore créée par Thierry Basile